Pour Barack Obama, l’Europe est un partenaire commercial et rien de plus

Le récent G8 et la visite de Barack Obama à Berlin ont souligné les divisions au sein de l’Europe, qu’elle doit gommer pour exister politiquement face aux Etats-Unis, juge notre contributeur Fabien Cazenave.

"Pour Barack Obama, l'Europe est un partenaire commercial et rien de plus"

Pour notre contributeur Fabien Cazenave, « il n’a jamais été question pour Barack Obama de traiter l’Europe comme un allié en tant que tel ».

REUTERS/Yves Herman

Le président des Etats-Unis a fait escale en Europe à l’occasion du G8 en Irlande du Nord et des 50 ans du discours de John Fitzerald Kennedy à Berlin. Barack Obama a à cette occasion discuté du futur grand accord commercial entre l’Europe et les USA. Cette visite sur notre continent est symbolique de la perception qu’a Obama de l’Europe: un territoire où commercer mais rien de plus. 

L’Europe: un continent où commercer

Barack Obama est tourné vers l’Asie. Ses premiers voyages sont pour ce continent, la Chine en tête. Si les Etats européens peuvent avoir un intérêt pour servir d’intermédiaire dans le cadre de négociations diplomatiques, ils ne sont considérés « que » comme des « Alliés ».

Au G8, Barack Obama a tenu une conférence de presse avec les représentants européens pour parler du grand accord commercial qui va être prochainement discuté. Lors de celle-ci, personne n’a parlé de la question de l’exception culturelle, ceci étant un sujet mineur et très franco-européen.

Pour le président américain, « ce partenariat transatlantique sera une priorité de [son] administration. […] Il augmentera les exportations, réduira les obstacles au commerce et à l’investissement. Dans le cadre plus large de la stratégie de croissance entre nos deux économies, il créera des centaines de milliers d’emplois des deux côtés de l’océan » explique-t-il.

Il ne s’agit donc nullement comme il était question pour la création en 1957 de la CEE(Communauté économique européenne) de la création d’une union autant fondée sur le commerce que sur des valeurs communes.

De même dans son discours à Berlin, il n’a jamais été question pour Barack Obama de traiter l’Europe comme un allié en tant que tel. Par exemple sur la question du désarmement nucléaire massif. Symboliquement, c’est en Europe, dans l’ancienne capitale divisée entre Ouest et Est qu’il souhaite tourner définitivement la page de la Guerre Froide. Mais c’est la Russie qu’il a appelé à approuver cette réduction. L’Union européenne n’existe pas en la matière alors que c’est des conséquences potentielles d’une guerre dévastatrice sur son sol dont on parle ici.

L’Europe trop divisée pour être un interlocuteur

En fait, cette approche américaine est logique. Au G8, Barack Obama a eu pour interlocuteur François HollandeAngela MerkelJosé Manuel Barroso et Herman Van Rompuy. Cela fait beaucoup pour un continent alors que la Chine ou la Russie n’envoie qu’un seul représentant.

La multiplication des interlocuteurs avait inspiré la fameuse phrase de Kissinger, « l’Europe quel numéro de téléphone? ». Parce que nous avons une vision nationale de la diplomatie, nous ne nous rendons plus compte de ce que nous imposons comme étiquette lourde et surranée à respecter pour nos partenaires.

Nous estimons normal que chacun de nos pays soit traité avec déférence. Dans la présentation du voyage d’Obama, la Maison Blanche présente Angela Merkel comme un « de nos principaux partenaires ». Au G8, le président américain est contraint dans son discours de remercier autant Barroso, Van Rompuy et Cameron présents à la conférence de presse que le « Président Hollande, la Chancelière Merkel, le Premier Ministre Letta et le Taoiseach Kenny », ainsi que « tous les autres membres de l’Union européenne« . Cela fait beaucoup de courbettes diplomatiques pour un seul interlocuteur, « l’Europe ».

Au final, certains dénoncent avec raison que « l’Europe perd de plus en plus rapidement de son influence et de son intérêt sur la scène internationale ». La visite de Barrack Obama en est le symbole: il parle d’Europe de manière générique mais doit citer tous ses interlocuteurs en particulier pour ne froisser personne…

L’Europe devient une nouvelle ligue hanséatique: unecommunauté de marchands, imposant dans sa globalité mais divisée et incapable de se comporter en acteur majeur du point de vue international.

Source : L’express

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Surveillance d’internet : La France et le Canada surveillent également leurs citoyens

La France dispose également d’un programme de surveillance massif proche de celui mis en place par l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA). La direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français agissant au-delà de nos frontières, examine, chaque jour, le flux du trafic Internet entre la France et l’étranger en dehors de tout cadre légal.

Ce service, placé institutionnellement sous la coupe du ministère de la défense, est doté de moyens techniques très puissants qui sont, notamment, hébergés dans les sous-sols du siège de la DGSE, boulevard Mortier à Paris. « C’est une pêche au chalut », explique un ancien de la DGSE pour décrire la nature du contrôle. L’immense quantité d’information doit être compressée puis décompressée avant d’être enfin décryptée par les agents de la DGSE.

La justification de ces interceptions est avant tout liée à la lutte antiterroriste sur le sol français. De facto, au regard de l’absence d’encadrement légal strict de ces pratiques, l’espionnage des échanges Internet peut porter sur tous les sujets. Interrogée par Le Monde, la DGSE s’est refusée à tout commentaire sur ces éléments couverts par le secret-défense. De plus, les autorités françaises arguent que les centres d’hébergement des sites sont, pour la plupart, basés à l’étranger, ce qui exonère la DGSE de répondre à la loi française.

Au Canada également,

Le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay, a signé en novembre 2011 un décret renouvelant ce programme de surveillance des télécommunications, qui avait initialement été mis en place dès 2005 par le précédent gouvernement libéral, a indiqué le quotidien. Le programme, qui a pour objectif de traquer les activités suspectes, a été suspendu pendant plus d’un an en 2008 après l’intervention d’un juge de la Cour suprême. Le magistrat avait exprimé ses craintes qu’il ne mène à une surveillance indue des Canadiens, ajoute le journal, qui a obtenu des

registres de données censurées en grande partie au nom de la sécurité nationale.
Aux Etats-Unis, les révélations sur deux programmes semblables celui du FBI et celui de la NSA, ont déclenché la semaine dernière une vive controverse, forçant le président Barack Obama à préciser qu’ils ne s’appliquent pas « aux citoyens américains ».

Or, au Canada, il arrive que des données provenant de citoyens canadiens soient parfois récoltées « accidentellement », ont admis des responsables du programme au Globe and Mail.Ces données sont alors immédiatement détruites, ont assuré ces responsables appartenant au Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSTC), une agence du ministère de la Défense.

Dans un compte rendu adressé en 2011 au ministre de la Défense, les responsables du programme ont défendu son utilité en précisant qu’il ne vise pas l’écoute des communications en soi mais plutôt la récolte d’« une information associée à une télécommunication ».

« Les mesures actuelles de protection de la vie privée sont adéquates », ajoutaient ces mêmes responsables, alors qu’ils cherchaient à obtenir le renouvellement du programme, poursuit le Globe and Mail« La métadonnée est utilisée pour isoler et identifier des communications de l’étranger, puisque le CSTC ne peut en vertu de la loi mener ses activités auprès des Canadiens », a dit au Globe and Mail un porte-parole du CSTC, Ryan Foreman.
Comment est-il possible que des programmes aussi sensibles que Prism puissent être approuvés par le Congrès américain, et que personne (le public) n’en sache rien ? Est-ce que l’objectif du programme est masqué ? Un acte du Congrès est public, me semble-t-il.Vaste question, qui a trait en grande partie à l’attitude des Etats-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Une politique publique basée sur la peur a donné les pleins pouvoirs à l’antiterrorisme, dans une sorte de guerre permanente (un peu comme dans 1984, de George Orwell ?).Un ensemble de projets législatifs ont depuis sans cesse augmenté, de façon disproportionnée, les pouvoirs de la NSA et du FBI. On a l’impression aujourd’hui qu’ils ont les pleins pouvoirs, sans aucune forme de contrôle démocratique.

Depuis 2003, des lanceurs d’alerte chez AT&T (un des plus gros opérateurs télécom américains) ont indiqué que la NSA dupliquait, pour en faire ce qu’elle voulait, les communications internationales. Depuis 2008, la loi amendant le Foreign Intelligence & Surveillance Act (FISA) donnait les pleins pouvoirs auxservices de renseignements pour collecter les données de citoyens non américains lorsque celles-ci sont stockées aux Etats-Unis.

On le savait. Le Congrès savait pour Prism, mais n’a rien dit. Désormais on a des preuves irréfutables, c’est ce qui manquait pour que puisse éclater un vrai débat public, condition indispensable à ce que l’on puisse revenir en arrière sur ces délires ultra-sécuritaires et à ce que les citoyens puissent reprendre le contrôle de ces institutions.


La culture du secret de ces institutions est une grande partie du problème. Dans une société démocratique, il est admis que des services puissent être secrets, mais ils doivent rendre des comptes aux citoyens, après que les actions ont été menées. Ici, il s’agit de pans entiers de politiques publiques qui sont tenus secrets, complètement hors d’atteinte des citoyens. C’est un problème grave, surtout lorsque les citoyens du monde entier sont concernés.Comment se fait-il que le gouvernement américain veuille absolument tenir un programme comme Prism secret ? Après tout, c’est bien eux qui disent « Si vous n’avez rien à vous reprochervous n’avez rien à cacher », non ?

Par ailleurs, notons cette différence essentielle : les citoyens ont le droit à la protection de leur vie privée, c’est une liberté fondamentale. Les « vies » des Etats doivent, par nature et par défaut, être publiques. Le secret n’est justifié qu’au cas par cas. On a l’impression d’assister aux Etats-Unis à une inflation de cette culture du secret, très dangereuse pour la démocratie (qui a dit « Wikileaks » ?).

On nous annonce (officiellement) que la France n’est pas concernée, mais comment savoir (en particulier au regard des accords, entre autre militaires, transatlantiques) dans quelle mesure c’est vrai ? Quand Amesys fournit des outils à la Libye, comment peut-on imaginerqu’ils n’ont pas déjà servi en France ?

Bien sûr que la France est concernée ! La loi d’amendement au FISA dit explicitement que « tous les citoyens non Américains » peuvent être écoutés « sans conditions » par les services américains, « lorsque les données sont stockées aux USA ». Les citoyens français sont très nombreux à utiliser les services desentreprises collaborant activement avec la NSA : GoogleFacebook, Yahoo!,MicrosoftApple, etc. Chacun utilisant ces services est concerné, quel que soit son pays de résidence et c’est bien l’un des nœuds du problème…

Après, savoir si la France a un tel mécanisme de surveillance généralisé des communications et des données de ses citoyens… C’est peu probable. Déja parce que les budgets de nos agences sont très différents de ceux de la NSA. Ensuite parce qu’il leur suffit peut-être de nouer des accords de coopération avec la NSA et le FBI… pour pouvoir accéder aux données concernant leurs citoyens ? De tels accords ont apparemment été signés entre GCHQ (les services britanniques) et la NSA. Si la France disposait d’un tel système de surveillance généralisée, j’ose espérer que des informations à son sujet finiraient par fuiter…

J’ai toutefois l’impression que Prism n’est pas si nouveau. Le programme Echelon fait exactement la même chose avec les conversations téléphoniques depuis de nombreuses années.

Ce qui est véritablement nouveau ici est de deux ordres : tout d’abord d’avoir un « smoking gun » comme on dit en anglais, une preuve « fumante », flagrante. Les services américains sont pris la main dans le sac, de manière irréfutable. Cela permet une fois pour toutes de couper court aux arguments du type « vous voyez le mal partout », « vous êtes paranoïaques » et autres « théories du complot ». Et peut-être que ces éléments probants permettront de susciter un réel débat public.

Ensuite, ce que Prism montre, c’est la « collaboration active » de ces entreprises géantes (Google, Facebook, Apple, Microsoft, etc.) à la surveillance généralisée. Certes, le droit américain ne leur laisse peut-être pas vraiment le choix et c’est bien là une partie importante du problème… Mais le fait que ces entreprises coopèrent ainsi avec la NSA et le FBI montre qu’il n’est en aucun cas possible de leur faire confiance pour protéger nos libertés fondamentales, au premier rang desquelles notre liberté d’expression et la protection de notre vie privée… surtout si on a le mauvais goût de ne pas être citoyen américain !

Le problème sous-jacent est bien la centralisation de nos données. Pourquoistocker toutes nos vies, tous nos contacts, toutes nos affinités, toute notre intimité, sur les serveurs de ces entreprises, situés aux Etats-Unis ? Nous sommes en train, plus ou moins consciemment, de bâtir ces gigantesques agrégats de données, de nous fliquer volontairement… Pourquoi ? Cette centralisation est par nature contraire à l’esprit même d’Internet, dans lequel chacun peut lire et accéder à l’information, mais également publierparticiper, pour être un acteur du réseau à part entière.

Prism, en montrant à quel point la limite entre surveillance des Etats et surveillance privée est ténue, sinon inexistante, pose cette question cruciale de l’architecture que nous choisissons pour nos communications et pour stocker nos données. Et cette architecture est forcément politique.

Peut-on encore parler de vie privée sur Internet ? Je pars du principe que puisque que nous tweetons, bloguons ou commentons des choses sur Internet, notre vie privée n’existe plus, elle est devenue une vie publique.

Il y a une différence fondamentale entre vie publique et vie privée. La vie privée c’est l’intimité, c’est ce que l’on ne partage qu’avec les personnes de son choix. La vie publique c’est quelque chose qui jusqu’à il n’y a pas si longtemps de cela était principalement l’apanage de quelques personnes : politiques, journalistes, stars, etc.

Avec Internet, nous avons tous la possibilité de participer, de publier, d’écrire et donc d’avoir une vie publique. Nous commençons tout juste à apprendre l’impact que cela peut avoir sur notre société tout entière… Pour autant, cela ne veut pasdire qu’il faut renoncer à la protection de notre vie privée, qui est une liberté fondamentale.

Pourquoi vouloir protéger sa vie privée lorsque l’on n’a rien àcacher ?

Cet argument revient très souvent lorsque l’on évoque la question de la protection de la vie privée. Déjà, si vous n’avez véritablement « rien à cacher », vous opposeriez-vous à ce que l’on mette une caméra dans votre salle de bain ? Dans votre chambre à coucher ? Que l’on expose vos mots doux, fussent-ils envoyés via SMS, courriel ou Facebook, sur la place publique ? Vous comprenez ici qu’il existe une sphère d’intimité dont chacun doit pouvoir rester maître, et choisir ce qu’il révèle ou non au monde.

Ensuite, avec les données personnelles, nous faisons un pari sur l’avenir, un peu comme une hypothèque. Nous ne pouvons pas savoir ce qui sera faisable et ce qui sera fait avec nos données personnelles, nos profils, dans un an, cinq ans ou dix ans. Une chose est sûre : avec le temps, ces profils deviennent de plus en plus précis. Des chercheurs ont récemment démontré que juste par vos « J’aime » cliqués sur Facebook, et aucune autre information que celle-là, il était à 90 % possible de prédire votre orientation sexuelle, si vous êtes fumeur, marié ou divorcé, etc. Donc on diffuse beaucoup plus d’informations sur nous-mêmes qu’on ne le croit, parfois des informations ayant trait à notre intimité. Nous devonspouvoir rester maîtres de ce que nous laissons comme traces ou non.

Ensuite, et toujours parce que l’on ne sait pas de quoi demain sera fait, parce que l’on ne peut pas prédire si dans le futur on souhaitera se lancer en politique, ou décrocher un job dans telle entreprise ou telle institution. Ce jour-là, il sera trop tard pour effacer des informations gênantes qui auront été publiées des années auparavant.

Ensuite, parce que la surveillance généralisée est une des composantes des régimes autoritaires, et parce que l’on a vu dans l’histoire des régimes basculertrès rapidement… Si cela arrivait, il serait temps de se demander si l’on souhaitepasser du côté de la résistance et là encore il sera peut-être trop tard si les autorités disposent de toutes les informations sur vous.

Enfin, et parce que je me trouve dans cette noble maison qu’est Le Monde, parce que la protection des sources des journalistes est une composante essentielle d’une information libre, elle-même pilier de nos démocraties. Il faut donc que les journalistes et leurs sources puissent avoir un espace ou échanger de façon protégée… Peut-être souhaiterez-vous un jour devenir journaliste, ou le deviendrez-vous par la force des choses ?

Sachant que nos données (Facebook, Google, Amazon, etc.) sont déjà stockées sur des serveurs (et donc exploitables), dans quelle mesure peut-on réellement se protéger puisqu’un retour arrière est impossible (me semble-t-il) ?

Un jeune étudiant autrichien, Max Schrems, s’est livré à une expérience intéressante : il a voulu accéder aux données que Facebook stockait sur lui, comme le droit européen l’y autorise. Il lui a fallu deux ans et, je crois, plus de vingt procédures dans de nombreuses juridictions pour finalement y parvenir et recevoirde Facebook 900 mégaoctets (Mo) de données parmi lesquelles… toutes les informations qu’il avait « effacé » de Facebook ! Photos, messages, etc., tout y était en réalité encore !

Lire : Max Schrems : ‘L’important, c’est que Facebook respecte la loi’

Donc retourner en arrière semble difficile en effet… Mais on peut se focaliser sur ici et maintenant, afin de mieux envisager l’avenir. N’est-il pas temps de fermervotre compte Facebook ? D’utiliser une messagerie qui n’est pas stockée aux USA ? De commencer à apprendre à utiliser le chiffrement de vos communications ?

Quelle solution avons-nous donc ? Tout crypter ? Quitter ces géants du Net ? Faire son propre serveur de messagerie électronique ?

Nous sommes à un moment charnière de notre histoire, et nous devonsquestionner notre rapport, en tant que société tout entière, à la technologie. D’un côté, nous avons des technologies qui sont faites pour rendre les individus plus libres, par l’ouverture et le partage des connaissances : ce sont les logiciels libres (comme GNU/Linux, Firefox ou Bittorrent), les services décentralisés (que chacun fait tourner sur son serveur ou sur des serveurs mutualisés entre amis ou à l’échelle d’une entreprise, institution, etc.) et le chiffrement point à point (qui permet aux individus de protéger par les mathématiques leurs communications contre les interceptions).

De l’autre, nous constatons la montée en puissance de technologies qui sont conçues pour contrôler les individus, voire restreindre leurs libertés en les empêchant d’en faire ce qu’ils souhaitent. Je pense à ces pseudo « téléphones intelligents » qui ne sont ni des téléphones (ils sont avant tout des ordinateurs qui savent également téléphoner), ni intelligents, car en réalité ils permettent de fairemoins de choses que des ordinateurs traditionnels et sont conçus en réalité pour empêcher à l’utilisateur de choisir d’où seront installés les programmes, d’installerles programmes de son choix, ou même d’avoir accès pour le comprendre au fonctionnement des puces cruciales qui permettent d’émettre ou recevoir des données… Si l’on devait appeler cela de « l’intelligence », cela serait peut-être au sens anglais du mot, pour parler de renseignement, d’espionnage… car de tels appareils semblent être conçus pour espionner leurs utilisateurs.

De la même façon, ces services massivement centralisés sont par essence, par leur architecture, faits pour aspirer toutes les données personnelles possibles et imaginables. Ce sont les modèles économiques de ces entreprises qui sont basés sur le fait d’entretenir un flou entre vie privée et vie publique… Toutes ces technologies ont en commun de maintenir l’utilisateur dans l’ignorance… Dans l’ignorance du fonctionnement même de la technologie (parfois en habillant cela de « cool », comme Apple qui vous vend l’ignorance, comme du confort, de la facilité, etc., au travers de produits il est vrai assez bien conçus, quoique fragiles…).

En réalité, signer un contrat avec une de ces entreprises sans comprendre les réalités sous-jacentes qu’implique l’architecture de nos outils de communication et le fonctionnement de nos appareils revient un peu à signer un contrat sans savoirlire. Je suis convaincu que la connaissance de la technologie (ou à l’inverse son ignorance) est la clé qui nous permet de basculer d’un environnement où l’on est sous contrôle à un environnement ou l’on est plus libre car l’on retrouve le contrôle de la technologie.

C’est l’humain qui doit contrôler la machine, et jamais l’inverse. Cette promesse, c’est celle du logiciel libre, c’est celle des services décentralisés, c’est celle du chiffrement. Mais toutes ces technologies ont en commun de nécessiter un effort actif de participation de la part de l’utilisateur… Eh oui, la liberté a un prix !

Je pense qu’il est urgent de repenser la façon dont nous apprenons la technologie. Allez voir le site « Codecademy » qui permet d’apprendre de façon ludique àprogrammer… Ou encore allez voir sur les forums des communautés de logiciels libres (comme ubuntu-fr) où vous trouverez des centaines de passionnés prêts àpartager leurs connaissances pour vous aider à sortir des prisons dorées de Microsoft, d’Apple, de Google et de Facebook !

En gros : indignez-vous contre ces technologies de contrôle et rejoignez les hackers (au sens étymologique d’enthousiastes de la technologie qui aiment la maîtriser et construire, pas au sens déformé de criminels qui cassent) pourparticiper à la technologie qui libère !

Lire aussi : Comment passer entre les mailles de la surveillance d’Internet ?

Il y a actuellement des discussions au niveau européen sur une réforme de la législation sur la protection des données personnelles. Pensez-vous que ces révélations sur Prism vont avoir un impact sur la future législation européenne ?

Très bonne question ! La réponse à Prism est en partie, comme nous venons de l’évoquer, technique… mais elle est également évidemment politique. La réforme en cours de la législation européenne sur la protection des données personnelles est un enjeu crucial. C’est un dossier ultra-complexe (4 000 amendements en commission « libertés publiques », record absolu au Parlement européen) et le fruit d’une campagne de lobbying sans précédent (décrite par Yves Eudes dans un article du Monde, « Très chères données personnelles »), mené par ces mêmes géants de la Silicon Valley (Facebook, Yahoo!, Google, etc.) qui ont ouvertement participé à la surveillance par la NSA des citoyens du monde entier ! Ils seraient sur le point d’obtenir gain de cause et de ratiboiser la moindre protection de nos données personnelles, le moindre outil que la Commission européenne prévoyait de mettre entre nos mains pour reprendre le contrôle de nos données.

Devant l’ampleur de la tâche, le dossier est en train de s’enliser au Parlement européen. On aura donc plus de temps que prévu durant lesquels les citoyens devront s’impliquer pour entrer en contact avec les élus et leur expliquer combien cette question est cruciale et combien ils doivent voter en faveur de mesures nous protégeant, plutôt qu’en obéissant aux intérêts de ces entreprises. La France aura aussi à se positionner, au niveau du Conseil de l’UE, et on attend le gouvernement au tournant.

Si le texte final n’était pas dans sa version « Facebook & Co » où nous aurions perdu tout moyen de nous défendre (et une législation bien pire que ce qu’il y a actuellement), nous pourrions faire pression sur ces entreprises : par exemple en résiliant le « safe harbour » qui les exonère (en gros) de respecter trop strictement le droit européen. Par exemple en encadrant l’export de données dans les pays tiers. Enfin, en créant les conditions de l’émergence en Europe d’un marché des services Internet non pas basés sur l’utilisation abusive, sans restrictions, de nos données personnelles, mais sur de nouvelles architectures décentralisées qui redonneraient la confiance aux citoyens en leur redonnant le contrôle sur leurs données.

De plus, il convient de noter que cet espionnage par la NSA et le FBI concerne évidemment au premier plan les libertés publiques et les citoyens, mais qu’il concerne également les entreprises, par une dimension dite « d’intelligence économique »… Combien d’entreprises stockent leurs données sensibles, non chiffrées, sur les serveurs de Google ? Quelles conséquences en matière de marchés perdus, de conséquence faussée, etc. ?

Le « cloud » qui, aux yeux de nombreuses entreprises et de particuliers, représente une solution de flexibilité et de simplicité extrême ne représente-t-il pas paradoxalement la plus grande menace sur un Internet par définition décentralisé ?

Le « cloud » est un concept plus ou moins fumeux (arf arf)… Au point que je parle de temps en temps de « clown computing », tant le terme à la mode et le marketing prennent parfois le pas sur la raison. En réalité, le cloud rejoint deux concepts pas franchement nouveaux. D’abord, le concept technique dit de la « virtualisation », par lequel on décorrèle le matériel informatique des logiciels qui s’y exécutent (pourpouvoir changer un disque dur ou un ordinateur grillé sans tout arrêter par exemple). Ensuite, le concept juridique, économique (et politique) de l’externalisation : confier à d’autres le soin de gérer une partie de ses ressources informatiques, de ses communications, de son stockage, etc.

C’est là qu’il y a potentiellement un risque, qu’il convient d’analyser sereinement, loin du marketing. Peut-on faire confiance à des entreprises tierces (surtout américaines, au vu de Prism) pour stocker ses données personnelles ? Ses informations sensibles ? Son fichier client ? J’ai tendance à penser qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même et qu’il faut à tout moment pouvoir maîtriser son infrastructure et ses ressources…

Lire aussi : Le scandale FBI-NSA pourrait rebattre les cartes dans le marché du ‘cloud’

Le livre 1984 serait-il une espèce de prémonition de ce qui se passe maintenant ?

On pourrait regarder Google, Facebook, la NSA et l’Etat policier… pardon, l’Etat « national security » américain et se dire que Big Brother, à côté, c’est de la gnognote. De l’autre, 1984 est l’histoire d’un individu qui se révolte contre cette surveillance et ce contrôle absolu, totalitaire, des populations. Et, pour cela, nous renvoie à nos responsabilités individuelles.

Nous avons tous, entre les mains, les moyens de participer à changer les choses, à peser sur le débat et les politiques publiques. Pour certains d’entre nous, nous avons même accès à des informations, tenues secrètes, qui prouvent que les gouvernements et les entreprises agissent parfois de façon contraires aux principes démocratiques et à l’intérêt général. Comme Winston dans 1984, nous avons le devoir d’user de notre sens de la justice pour aider à faire éclater la vérité. C’est pour cela que Julian Assange, Bradley Manning et Edward Snowden doivent être reconnus et protégés et servir d’inspiration aux citoyens aux quatre coins du monde.

Source : Le Monde01.net et Le Monde

Le défi d’Edward Snowden à Barack Obama

Video de 9 minutes, interview au Guardian, chat avec le Washington Post…  Avant de disparaitre de son hôtel à Hong Kong, Edward Snowden a laissé un testament complet dont toutes les façettes n’ont pas encore été étudiées (à l’université du Maryland, par exemple, on se demande quelle est cette « installation secrète » où Snowden a dit avoir commencé à travaillé comme employé à la sécurité).
Les chaines ont retrouvé les parents de Snowden. Sa mère est employée dans les technologies de l’information au tribunal de Baltimore. Son père n’a pas voulu être filmé. Les media répètent que le jeune espion n’a pas eu son diplôme de fin de lycée, et que son parcours est plutôt contradictoire avec l’accès privilégié dont il bénéficiait. Mais il semble être l’un de ces geeks dont l’appareil de sécurité nationale a fait une grande consommation après les attentats du 11 septembre 2001.
S’il n’a pas de diplôme, Edward Snowden s’exprime en tout cas avec des accents politiques et philosophiques montrant qu’il a réfléchi à ce qu’il fait. Parfois, il énonce des vérités stupéfiantes: « Vous pourriez fermer l’entier programme de surveillance (de la NSA) en un après-midi ». Parfois, il est d’une simplicité attendrissante.
– « I’m just another guy« , dit-il. Un type normal qui veut que « le public décide » dans quelle société il veut vivre. Et non le gouvernement.
Sa grande peur, dit-il : que « rien ne change ».

    Le geste de Edward Snowden est un véritable défi à Barack Obama. Il n’a pas voté pour le candidat démocrate en 2008. Il était plutôt favorable pour Ron Paul, comme tous les jeunes libertariens, mais il a soutenu Obama après son élection. Il a été déçu que le président n’ait pas résisté au complexe militaro-sécuritaire.
De mémoire d’analyste, personne n’avait jamais revendiqué une fuite de cette manière, et jamais dans un geste aussi radical que de passer à l’étranger. C’est cette « trahison » qui donne à l’affaire une dimension nouvelle. Non seulement, Ed Snowden a livré à la planète la preuve que les grandes oreilles (d’Obama) sont en mesure d’écouter toutes ses conversations électroniques. Mais il a quitté le pays. Et il s’est rapproché de la Chine, comme s’il était prêt à basculer.

Le républicain Peter King le considère déjà comme un « transfuge« . La majorité de la classe politique a appelé le gouvernement à le poursuivre avec la plus grande sévérité et à demander immédiatement son extradition.
– « Les efforts pour en faire un héros vont tourner court, a proclamé Jeremy Bash, l’aide de Leon Panetta (un démocrate) qui a rédigé les amendements qui ont légalisé ces programmes. Un type qui fait ses révélations puis court vers la frontière n’est pas un whistleblower« .
Seuls les républicains libertariens et la gauche progressiste veulent un débat.

Edward Snowden a dévoilé deux programmes:
– L’un basé sur l’article 215 du Patriot Act autorise la surveillance massive des numéros de téléphone des Américains. Comme l’a répété Barack Obama, les conversations ne sont pas écoutées. Les Américains peuvent être rassurés.

– L’autre (PRISM), basé sur l’article 720 autorise les écoutes électroniques, l’espionnage des messages FaceBook, des videos etc..  Mais dans ce cas, seuls les étrangers sont visés. La loi a été reconduite en décembre. « Aucun Américain n’est ciblé« , affirment les défenseurs du programme.

Pour les Américains, cette discrimination est normale. Comme dans les frappes de drones, la Constitution ne s’indigne que quand des Américains sont visés.
Vu du reste du monde, c’est une logique moins évidente…
Du fait des révélations de Snowden, le reste du monde a la démonstration des double-standards américains. On peut espionner des milliards de personnes sans mandat judiciaire, mais pas les Américains.
Après l’invasion de l’Irak, il avait fallu l’élection de Barack Obama pour que les Etats-Unis retrouvent une certaine aura dans le monde. Les révélations d’Edward Snowden risquent de compromettre le soft-power que le président américain avait entrepris de restaurer.

    Snowden s’est mis à l’abri en laissant une question : quels « biscuits » ‘a-t-il conservés ? Sur CNN, Glenn Greenwald, le journaliste du Guardian, a indiqué qu’il savait où se trouve le jeune homme. Et oui, a-t-il confirmé, « nous avons encore des révélations ».
– « We do have big stories coming »

La mise en scène du coming out du jeune espion a été bien préparée. Video, chat.. Chambre d’hotel près de l’antenne CIA de Hong Kong: tous les éléments d’un roman d’espionnage sont réunis. Quand il allume son ordinateur, Snowden cache l’écran d’une cagoule: s’il y a une caméra dans la chambre, personne ne pourra lire les mots de passe.
Dans un article qui explique les dessous de son scoop, Barton Gellman du Washington indique que Snowden avait mis ses conditions pour la publication de la présentation PowerPoint sur le programme « PRISM » qui autorise l’accès du FBI sur Google, FaceBook et autres réseaux sociaux. Il voulait que les informations soient publiées dans les deux jours et dans leur intégralité.
Le Washington Post ayant soumis son scoop au gouvernement pour avis (procédure que suivent les medias américains lorsqu’ils ont des informations confidentielles sur la sécurité nationale), et n’ayant publié que quatre des 41 diapositives, Snowden s’est adressé au Guardian. Il aura fallu un quotidien anglais pour forcer le mouvement aux Etats-Unis.
Contrairement aux rumeurs, le Guardian ne paie pas la chambre d’hôtel duwhistleblower, affirme Glenn Greenwald.

Edward Snowden pourrait-il avoir des éléments sur Barack Obama ? Dans l’interview au Guardian, il assure qu’il était habilité à tout voir pour peu qu’il dispose d’une adresse email privée. « Moi, assis à mon bureau, avais assurément l’autorité pour surveiller quiconque: depuis vous ou votre comptable, jusqu’à un juge fédéral ou même au président, si j’avais un e-mail personnel ».
On dirait une réponse à Barack Obama. Curieusement, le président a fait mention de sa situation privée en défendant la NSA, le 7 juin, en Californie. Il a expliqué qu’il redeviendrait un citoyen ordinaire dans trois ans et demi.
– « Et je pressens que, sur une liste de gens dont quelqu’un voudrait lire les emails ou écouter les appels téléphoniques, je serais probablement assez haut sur la liste, a-t-il expliqué. Ce n’est pas comme si je n’avais aucun intérêt à ce que le respect de ma vie privée soit protégé ».

La Maison Blanche s’est gardée de commenter, au-delà du classique « une enquête est en cours ». Barack Obama a préféré esquiver, dans l’attente probablement d’une évaluation des dégats causés par les fuites.  Le défi pour lui est maintenant de trouver une réponse au geste d’Edward Snowden. Il ne peut pas laisser passer, mais il ne peut pas risquer de pousser le jeune whistleblower dans les bras des Chinois. Qui pourraient le considérer comme un dissident.  La suite de l’histoire est probablement dans les mains du camarade Xi…

Source : Le Monde

Conquête spatiale : la Chine veut faire jeu égal avec les États-Unis

Trois « taïkonautes », dont une femme, ont été envoyés vers la station spatiale chinoise. Une démonstration de savoir-faire à destination des Américains.

Tir réussi le 11 juin pour ce vol habité qui doit durer 15 jours, le plus long de l'histoire spatiale chinoise.
Tir réussi le 11 juin pour ce vol habité qui doit durer 15 jours, le plus long de l’histoire spatiale chinoise. © China out/AFP

Et de deux ! Un an après avoir envoyé sa première femme dans l’espace, la Chine a donné aujourd’hui un nouveau coup de projecteur à son ambitieux programme spatial en faisant de Wang Yaping, une jeune taïkonaute de 33 ans, la deuxième Chinoise à voler en orbite autour de la Terre. Née en 1980, cette pilote de l’Armée de libération populaire (ALP) a pris place cet après-midi à bord du vaisseau Shenzhou-10 qui a décollé à 17 h 38 précises (11 h 38 heure de Paris) depuis la base de Jiuquan, située dans la province de Mongolie intérieure, au coeur du désert de Gobi.

Retransmis en direct à la télévision chinoise, le lancement s’est déroulé sans incident et sous les yeux du nouveau président chinois Xi Jinping, à peine rentré de son séjour californien et de sa rencontre avec Barack Obama. Après dix secondes de compte à rebours, la fusée Longue Marche 2F, sur laquelle était arrimé le vaisseau, s’est élevée droit dans le ciel bleu, laissant seulement derrière elle un grand nuage de feu et de poussière.

Station en orbite

Les détails de cette expédition, initialement prévue à la mi-juin, ont été rendus publics hier par Xinhua, l’agence de presse officielle. Depuis, la propagande ne tarit pas d’éloges sur la jeune taïkonaute, à la une des médias chinois ce matin. Issue d’un milieu modeste, entrée à seulement 17 ans dans l’armée chinoise, elle serait fan de basket, de photographie… et même capable de conduire quatre types d’avions différents.

Deux hommes effectueront avec elle ce vol spatial habité, le cinquième depuis 2003, et le plus long – 15 jours – jamais entrepris à ce jour par le dernier empire communiste, qui s’est depuis lors hissé au rang de seconde économie mondiale. « C’est un tir extrêmement important qui marque l’accomplissement de la première phase du programme spatial habité chinois », analyse Isabelle Sourbès Verger, géographe et chargée de recherche au CNRS. Car comme l’URSS dans les années 1970, mais contrairement aux États-Unis, la Chine a développé jusqu’à présent une « maison à deux pièces » comprenant une station en orbite, pour l’instant inhabitée, et un vaisseau spatial réutilisé après chaque aller-retour. « La deuxième phase, après 2015, consistera à faire vivre des hommes en permanence dans l’espace, ravitaillés par des vaisseaux qui assureront le renouvellement des équipages et du matériel », poursuit cette spécialiste de la politique spatiale chinoise.

Rendez-vous

Cette équipe a pour mission d’amarrer le vaisseau Shenzhou-10 au laboratoire spatial Tiangong-1, un module temporaire lancé en 2011 par la Chine et actuellement en orbite autour de la planète bleue. Cette technique, dite du « rendez-vous spatial », est essentielle, mais particulièrement difficile à réaliser. Les États-Unis et la Russie la maîtrisent depuis la course aux étoiles menée sous la Guerre froide, mais la Chine, qui a attendu 1998 pour entraîner ses premiers taïkonautes, doit encore apprendre à la réaliser parfaitement.

Le régime communiste avait réalisé avec succès son premier rendez-vous spatial en juin 2012, lors du quatrième vol habité, qui avait fait de Liu Yang la première femme chinoise à explorer la Voie lactée. Mais cette fois-ci, les choses pourraient être plus complexes, car deux manipulations doivent être effectuées : une manuellement, et une automatiquement, et sur plusieurs points d’ancrage. À bord de leur vaisseau, les taïkonautes doivent également effectuer des recherches scientifiques et des travaux de réparation sur le module Tiangong-1. Sans doute dans l’espoir de susciter des vocations, un cours de physique par vidéoconférence à destination d’élèves de primaire est aussi prévu.

Objectif Mars ?

Pour Pékin, ce voyage est donc surtout un exercice de routine destiné à tester sa maîtrise technique. Et cela d’autant plus qu’il pourrait s’agir du dernier avant la mise en orbite, prévue d’ici 2015, du nouveau module Tiangong-2. Exclue de la station spatiale internationale (ISS) par les États-Unis, la Chine a depuis le milieu des années 1990 développé sa propre recherche spatiale en multipliant les vols habités. Mais à ce stade, l’effort de Pékin – environ 4 milliards de dollars par an, le chiffre exact n’ayant jamais été divulgué – paraît toutefois minime par rapport à celui de Washington, qui consacre un montant neuf fois plus important. « Le programme spatial habité chinois a commencé officiellement en 1993, il a fallu dix ans à la Chine pour envoyer son premier homme dans l’espace en 2003, et dix nouvelles années pour y faire vivre trois cosmonautes pendant quinze jours » tempère Isabelle Sourbès Verger.

Il n’empêche, ce vol habité est aussi une façon pour la Chine de montrer au reste du monde qu’elle a désormais acquis des compétences qui la qualifieraient pour une exploration internationale à destination de la planète Mars. Près de 45 ans après le « grand pas pour l’humanité » de l’Américain Neil Armstrong, la Chine aurait en effet peu à gagner, tant politiquement que médiatiquement, à envoyer un de ses compatriotes sur la Lune. En revanche, sa participation à une expédition vers la planète rouge serait décisive pour démontrer aux États-Unis et à la Russie que l’espace est également son terrain de jeu.

Source : Le Point

Ces entreprises plus fortes que les États

Face aux multinationales, les nations, lestées de dettes et minées par le chômage, semblent de plus en plus désarmées. Enquête sur une lame de fond qui met à mal leur crédibilité, et celle des politiques.

Des groupes à la puissance financière démesurée défient les gouvernenents. Dans l’affaire Florange, Lakshmi Mittal, le patron du n° 1 mondial de l’acier, a fait peu de cas des sommations de François Hollande.
REUTERS/Thierry Roge

Il faudrait peut-être penser à tourner la saison 2 du Léviathan, de Thomas Hobbes. Dans son oeuvre majeure, publiée au milieu du xviie siècle, le grand philosophe anglais représente l’Etat sous les traits du monstre marin, toujours prompt à déployer ses omnipotents tentacules pour asservir le commerce, la finance et l’industrie. Autres temps, autres rapports de force. Aujourd’hui, l’ignoble « serpent tortueux » du livre d’Isaïe s’est métamorphosé en une indolente couleuvre et le Léviathan-Etat en… Léviathan-SA. Car ce sont désormais des sociétés anonymes, mais présentes aux quatre coins du monde, des multinationales aux puissances financières démesurées qui défient les Etats, même les plus grands.

Ces entreprises plus fortes que les États

Quelques chiffres éclairent sur cette inversion des « valeurs » : début 2013, Apple pesait en Bourse l’équivalent du budget de la France ou la somme des PIB roumain, hongrois, slovaque, croate et lituanien. Le seul chiffre d’affaires de la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Royal Dutch représente l’activité de tout le Royaume-Uni pendant deux mois et demi. Sur le front de l’emploi – le nerf de la guerre, en ces temps de chômage -, les multinationales alignent d’impressionnantes armées. Fort de ses 2,1 millions de salariés, le plus gros employeur privé du monde, le distributeur américain Wal-Mart, fait jeu égal avec l’armée populaire chinoise (2,3 millions). Nul besoin en fait de former de telles troupes pour faire plier le souverain. Les 20 000 métallos français employés par ArcelorMittalautorisent le patron à quelques bravades et promesses non tenues à l’endroit des gouvernements Fillon et Ayrault.

Une toile opaque de filiales et d’échanges de capitaux

Mais l’influence de ces groupes ne se mesure pas seulement avec une calculette. Ils tissent une toile extrêmement serrée et opaque de filiales et de relations capitalistiques. En 2011, trois chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich publient une étude « explosive » sur les participations de 43 000 sociétés transnationales : ils révèlent ainsi que 737 firmes contrôlent à elles seules 80 % du total. Or ces entreprises tentaculaires dépensent des sommes folles en lobbying pour tenter d’imposer leurs normes et d’infléchir la réglementation. Quitte à prendre elles-mêmes le stylo pour écrire leurs propres lois. Et quand un Etat un brin récalcitrant bombe le torse pour imposer de nouvelles règles, elles n’hésitent pas à porter leurs différends devant la justice.

Leurs chiffres d’affaires rivalisent avec des PIBCes entreprises plus fortes que les États

Une étude de l’ONG belge Corporate Europe Observatory dénombre quelque 450 cas d’arbitrage entre un Etat et une entreprise dans le monde en 2011, contre seulement 38 en 1996. Des « attaques » permises par les clauses dites « investisseurs-Etat » inscrites dans la plupart des accords de libre-échange entre pays, et qui autorisent une entreprise à poursuivre en justice un Etat dès lors qu’elle juge que son investissement est floué par une modification de la loi. Ainsi, le géant suédois de l’énergie Vattenfall, un des principaux gestionnaires du parc nucléaire outre-Rhin, exige aujourd’hui 3,5 milliards d’euros à l’Etat allemand après sa décision de sortir, à terme, de l’atome…

Quel affront ! Mais, au fond, à qui la faute ? Aux patrons des multinationales, tentés de mettre au diapason leur pouvoir avec leur puissance ? Aux Etats, surtout. Ils ont organisé leur propre abdication. « Présenté comme hyperpuissant, Google ne pèse rien en Chine parce que Pékin a dit non ! » s’emballe Jean-Louis Beffa, ancien président de Saint-Gobain. Endettés et affaiblis, les Etats tentent malgré tout aujourd’hui de reprendre le contrôle. Par quels moyens ? Les coups de gueule d’un Montebourg relèvent davantage de la rodomontade que d’un véritable renversement de pouvoir. Il faut dire que, pour certains grands groupes, notamment bancaires, le joker du « Too big to fail » est extrêmement efficace.

« L’hypertrophie bancaire a piégé les Etats. D’une part, les banques sont trop grosses pour qu’on les laisse tomber en cas de problème et, d’autre part, en encadrant trop strictement leur activité, on risque de freiner le financement de l’économie », déplore Sylvie Matelly, directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Reprendre le contrôle de la politique industrielle se révèle aussi plus compliqué que prévu.

Des patrons infiniment mieux payés que de dirigeants politiquesTim Cook (Apple): 378 millions de dollarsLawrence Ellison (Oracle): 77,5 millions de dollars

Maurice Lévy (Publicis): 25,4 millions de dollars

Lee Hsien Loong (Singapour): 1,7 million de dollars

Barack Obama (États-Unis): 400.000 dollars

Angela Merkel (Allemagne): 280.000 dollars

François Hollande (France): 200.000 dollars

Rémunération 2011 (Sources: Fortune, Proxinvest)

« Chaque pays doit avancer avec ses champions nationaux »

Que peut faire la puissance publique quand les ingrédients qui entrent dans la fabrication d’un pot de yaourt parcourent des milliers de kilomètres avant d’arriver chez le consommateur ? « Dans l’automobile, la chaîne de valeur est tellement éclatée et fragmentée que les Etats ne peuvent plus mettre en place une politique de filière. Cette notion est vide de sens », analyse froidement Dominique Guellec, le responsable du service des politiques d’innovation à l’OCDE. La solution passe, évidemment, par plus de coopération entre Etats.

Le vote récent des parlementaires européens en faveur d’une résolution sur la reprise des sites rentables en Europe va dans le bon sens, mais la mesure tient surtout de la symbolique. « Organiser une association d’Etats contre les multi-nationales ne servirait pas à grand-chose. Il faut accepter la compétition entre Etats, mais chaque pays doit avancer avec ses champions nationaux en guise de fantassins », suggère l’ancien patron de Saint-Gobain. Après tout, les nations qui s’en sortent le mieux dans la mondialisation ont agi de la sorte avec leur fleuron industriel : la Chine, la Corée du Sud ou l’Allemagne. Paradoxalement, le meilleur moyen pour les Etats de dompter les multinationales serait de s’en rapprocher.

Source : L’Expansion | Franck Dedieu et Béatrice Mathieu – publié le 30/04/2013 à 09:16

Et si MegaUpload pouvait faire trembler les USA en dénonçant le système de corruption institutionnalisée ?

L’affaire MegaUpload va-t-elle se retourner contre Barack Obama et l’ensemble du système politique américain ? Paradoxalement, en voulant protéger les intérêts de l’industrie culturelle pour sauvegarder ses propres intérêts politiques, l’administration américaine pourrait mettre en lumière les effets d’un système de corruption institutionnalisée. C’est tout l’objectif d’un document de près de 50 pages qu’ont rédigé les avocats de MegaUpload et de Kim Dotcom, qui accuse les Etats-Unis d’avoir agi illégalement pour rendre service à ses financiers.

Et si de la lutte implacable contre le partage de fichiers naissait un sursaut démocratique ? Aux Etats-Unis, celle que l’on présente souvent comme la reine des démocraties modernes est notoirement pourrie par une forme de corruption institutionnalisée, qui permet aux élus de faire financer leurs campagnes électorales par des groupes de pression, qui peuvent verser leurs dollars sans limites. Or par définition, ceux qui ont de l’argent à perdre ou à gagner dans des réformes législatives sont aussi ceux qui peuvent se permettre d’en dépenser une partie dans des actions de lobbying visant à obtenir ou repousser ces réformes.

Parmi ces groupes de pression figure bien sûr l’industrie du cinéma, particulièrement puissante aux Etats-Unis, et plus largement toute l’industrie culturelle. Avant de devenir le vice-président des Etats-Unis aux côtés de Barack Obama, Joe Biden a passé toute sa carrière de sénateur  à protéger les intérêts de la MPAA, de la RIAA et de la BSA, les trois grandes associations américaines du cinéma, de la musique et du logiciel. Au début de son premier mandat en 2009, Barack Obama a nommé d’anciens représentants de ces lobbys du droit d’auteur à des postes clés de son administration, notamment au Département de la Justice. Il a choisi l’avocat qui a obtenu la jurisprudence Grokster anti-P2P au poste très convoité de Solicitor General, d’où il exprime la position officielle du gouvernement fédéral devant la Cour Suprême.

Les manifestations des liens incestueux entre l’administration américaine et les puissances d’Hollywood sont légion, au point que les avocats de MegaUpload et de son fondateur Kim Dotcom, Robert Amsterdam et Ira Rothken, ont publié cette semaine un brûlot de 48 pages (.pdf) pour dénoncer la corruption du pouvoir dans l’affaire MegaUpload. Le document présenté par Kim Dotcom sous le titre « la vérité éclatera », avec en illustration un drapeau de la MPAA flottant au dessus de la Maison Blanche, explicite la théorie du complot évoquée dès mars 2012, et commence par cette déclaration sans détour :

La poursuite pénale contre MegaUpload et Kim Dotcom est prétendument la « plus grande affaire de droits d’auteur de l’histoire », impliquant des dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde, et pourtant elle est basée sur des principes juridiques douteux et apparemment poussés par le désir de la Maison Blanche d’amadouer l’industrie cinématographique en échange de contributions de campagne et de son soutien politique. 

(…) Le dossier du gouvernement des Etats-Unis contre MegaUpload est basé sur une théorie de violation pénale secondaire de copyright (une sorte de responsabilité pénale pour complicité par fourniture de moyens, ndlr). En d’autres termes, l’accusation cherche à tenir MegaUpload et ses dirigeants pénalement responsables des présumées contrefaçons réalisées par des tiers utilisateurs du service de stockage en cloud. Le problème avec cette théorie, cependant, est que la violation secondaire de copyright n’est pas, et n’a jamais été, un délit pénal aux Etats-Unis. Les tribunaux fédéraux n’ont aucun pouvoir pour pénaliser la violation secondaire de droits d’auteur ; seul le Congrès des USA dispose d’une telle autorité, et il ne l’a pas fait.

(…) Dès lors, l’affaire MegaUpload est la première fois que le gouvernement fait tomber un site web étranger – détruisant la société et saisissant l’ensemble des actifs de ses propriétaires (et les données de ses utilisateurs), sans même une audience devant un tribunal, basé sur un délit pénal qui n’existe pas.

Tout au long du document, les avocats développent l’idée que MegaUpload n’aurait été fermé que pour remercier l’industrie du cinéma qui finance les campagnes électorales, et qui voulait la tête du principal service de téléchargement direct. A titre d’illustrations, ils évoquent une déclaration du nouveau patron de la MPAA, Chris Dodd (qui se trouve être l’un des meilleurs amis de Joe Biden), lorsque de nombreux élus ont commencé à ne plus soutenir les lois anti-piratage SOPA et PIPA. « Ceux qui misent sur le soutien d’Hollywood doivent comprendre que les gens de cette industrie regardent très soigneusement qui va les soutenir lorsque leur travail sera en jeu. Ne venez pas me demander de faire un chèque pour vous quand vous craignez de perdre votre boulot, alors que vous ne me prêtez pas attention à moi lorsque mon boulot est en jeu« , avait-t-il déclaré sur Fox News, évoquant très ouvertement une forme de chantage aux contributions financières.

Sans doute les administrateurs de The Pirate Bay, qui ont-même dénoncé les pressions des Etats-Unis sur la Suède et un simulacre de procès sous influence, auraient aussi beaucoup à dire. Tout comme les citoyens français qui ont vu l’indigence du débat parlementaire sur la loi Hadopi auraient beaucoup à dire sur la moralisation de la vie politique.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’une des personnalités les plus engagées actuellement contre la corruption aux Etats-Unis est le juriste Lawrence Lessig, qui s’est d’abord fait connaître par la création des licences Creative Commons et son combat pour un rééquilibrage des droits d’auteur au profit des droits du public. C’est en se confrontant au contrôle qu’exerçait Hollywood sur Washington que ce professeur de Harvard a décidé de s’attaquer frontalement à la corruption institutionnalisée, dont il a fait désormais son sujet de prédilection :

 

SOurce : Numérama | Guillaume Champeau – publié le Mercredi 08 Mai 2013 à 15h01

Barack Obama, Seigneur des drones

Le chroniqueur conservateur Charles Krauthammer condamne vigoureusement la stratégie de lutte contre le terrorisme adoptée par Obama. L’usage massif des drones est en totale contradiction avec l’image de droiture morale que le président affiche, estime-t-il.

La lecture d’un récent article du New York Times portant sur la « petite activité hebdomadaire » du président a de quoi laisser pantois. On y apprend que tous les mardis Obama étale devant lui des cartes d’un genre très particulier où figurent les photos et les notices biographiques de terroristes présumés pour choisir quelle sera la prochaine victime d’une attaque de drone. Et c’est à lui qu’il revient de trancher : la probabilité de tuer un proche de la cible ou des civils se trouvant à proximité mérite-t-elle ou non d’interrompre la procédure ?

Cet article aurait pu s’intituler : « Barack Obama, Seigneur des drones ». On y apprend avec force détails comment Obama gère personnellement la campagne d’assassinats téléguidés. Et l’article fourmille de citations officielles des plus grands noms du gouvernement. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas de fuites mais bien d’un véritable communiqué de presse de la Maison-Blanche.

L’objectif est de présenter Obama comme un dur à cuire. Pourquoi maintenant ? Parce que, ces derniers temps, le locataire de la Maison-Blanche apparaît singulièrement affaibli : il semble impuissant alors que des milliers de personnes se font massacrer en Syrie ; il se fait rouler dans la farine par l’Iran comme en témoigne l’échec des dernières négociations sur le nucléaire à Bagdad ; Vladimir Poutine le traite avec mépris en bloquant toute intervention dans ces deux pays et lui a même infligé un camouflet public, en décidant de se faire remplacer [par son Premier ministre Medvedev] lors des derniers sommets du G8 et de l’Otan.

Le camp Obama pensait que l’exécution d’Oussama Ben Laden réglerait tous ses problèmes de politique étrangère. Mais la tentative par le gouvernement d’exploiter politiquement le premier anniversaire du raid meurtrier contre le chef d’Al-Qaida n’a pas eu les effets escomptés, bien au contraire. Après avoir abattu sa meilleure carte (la mort de Ben Laden), il lui fallait donc en trouver une nouvelle, et c’est là qu’intervient le « Seigneur des drones », un justicier solitaire, sans pitié pour les membres d’Al-Qaida.

Qu’est donc devenu cet artisan de paix récompensé par un prix Nobel, ce président favorable au désarmement nucléaire, cet homme qui s’était excusé aux yeux du monde des agissements honteux de ces Etats-Unis qui infligeaient des interrogatoires musclés à ces mêmes personnes qu’il n’hésite pas aujourd’hui à liquider ? L’homme de paix a été remplacé – juste à temps pour la campagne électorale de 2012 – par une sorte de dieu vengeur, toujours prêt à déchaîner son courroux.

Quel sens de l’éthique étrange. Comment peut-on se pavaner en affirmant que les Etats-Unis ont choisi la droiture morale en portant au pouvoir un président profondément offensé par le bellicisme et la barbarie de George W. Bush et ensuite révéler publiquement que votre activité préférée consiste à être à la fois juge et bourreau de combattants que vous n’avez jamais vus et que peu vous importe si des innocents se trouvent en leur compagnie.

Il ne s’agit pas de condamner les attaques de drones. Sur le principe, elles sont complètement justifiées. Il n’y a aucune pitié à avoir à l’égard de terroristes qui s’habillent en civils, se cachent parmi les civils et n’hésitent pas à entraîner la mort de civils. Non, le plus répugnant, c’est sans doute cette amnésie morale qui frappe tous ceux dont la délicate sensibilité était mise à mal par les méthodes de Bush et qui aujourd’hui se montrent des plus compréhensifs à l’égard de la campagne d’assassinats téléguidés d’Obama.

En outre le Seigneur des drones est un piètre stratège, car les terroristes morts ne peuvent pas parler. Les frappes aériennes de drones ne coûtent pas cher, ce qui est une bonne chose. Mais aller à la facilité a un coût. Ces attaques ne nous offrent aucune information sur les réseaux terroristes ni sur leurs projets. Capturer un seul homme pourrait être plus utile qu’en tuer dix. Le gouvernement Obama a révélé publiquement son opposition aux tribunaux militaires, sa volonté de juger Khalid Cheik Mohammed [considéré comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001] à New York et d’essayer vigoureusement (mais sans succès puisque, ô surprise, il n’y a pas d’autres solutions) de fermer Guantanamo Bay. Et pourtant ces délicates attentions à l’égard des terroristes quand ils sont prisonniers coexistent avec une volonté de les tuer directement dans leur lit.

Les prisonniers ont des droits, alors ne faisons pas de prisonniers, il y a là une morale perverse. Nous n’hésitons pas à tuer des terroristes, mais nous renonçons délibérément à obtenir des informations qui pourraient sauver des vies. Mais cela nous y penserons plus tard. Pour l’instant, réjouissons-nous de la haute stature morale et de l’absence de complaisance de notre Seigneur des drones présidentiel.

Sources : Courrier International et Olivier Beruyer