Espionnage: où est donc Edward Snowden, « l’homme le plus recherché du monde ? »

Edward Snowden durant son interview à Hong Kong, le 9 juin 2013.

Edward Snowden durant son interview à Hong Kong, le 9 juin 2013.

REUTERS/Ewen MacAskill/The Guardian/Handout

Où est Edward Snowden ? Le jeune homme est-il toujours à Hong Kong où il a trouvé refuge le 20 mai dernier ? Edward Snowden est cet Américain de 29 ans, ancien agent de la CIA, qui a travaillé ensuite pour la NSA, l’agence américaine de sécurité nationale, et à l’origine des informations sur le système d’interception des communications par la NSA.

Avec notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy

Où est donc passé celui que le journal anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, appelle sur sa Une ce matin, « l’homme le plus recherché du monde ? ».

La presse l’a raté de peu à l’hôtel Mira lundi après-midi. Il avait réglé sa note le matin même. À ce stade, Edward Snowden n’est pas recherché par la police, étant entré en règle dans le pays et n’étant pas jugé coupable du moindre crime, ni ici ni ailleurs.

Il a plusieurs options. Il peut d’abord décider d’aller ailleurs. À moins d’une heure de train ou de ferry se trouvent la Chine ou Macao. Mais pour Edward Snowden, qui cherche un pays d’accueil où l’on respecte la liberté d’expression, il y a mieux comme destination.

Si son intention est de demander l’asile politique à l’Islande, les démarches devront passer par le consulat de Finlande qui représente l’Islande à Hong Kong. Il peut aussi demander le statut de réfugié politique au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Il peut encore attendre que les Etats-Unis formulent une demande d’extradition à son encontre. Dans cette démarche, il aura des arguments à faire valoir, notamment le caractère politique de son geste qui peut invalider la demande d’extradition. Plusieurs instances de justice peuvent alors être sollicitées et ces démarches pourraient traîner. Mais pour le moment, la page Facebook qui porte son nom de même que son compte tweeter sont tout ce qu’il y a de plus actifs.

La pression monte sur Edward Snowden

Aux Etats-Unis, des deux côtés de l’échiquier politique américains des élus réclament l’arrestation de l’auteur des fuites, rapporte notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes. Pression politique mais également populaire. Selon un sondage réalisé pour leWashington Post et le Pew Institute, 56% des Américains estiment que le programme de surveillance téléphonique est « un moyen acceptable » de lutter contre la menace terroriste.

On en sait désormais un peu plus sur la personnalité d’Edward Snowden et sur son parcours. Edward Snowden a d’abord tenté de rejoindre les forces spéciales de l’armée américaine, en 2004. Un projet auquel il a dû renoncer après s’être brisé les deux jambes, selon son dossier militaire. Recruté par la CIA, le jeune informaticien était passé dans le privé. Depuis quatre ans, il travaillait pour un sous-traitant de la NSA… dans les bureaux de l’agence de renseignement à Hawaï. C’est là qu’il a copié les documents qui ont fuité dans la presse ces derniers jours. C’est d’Hawaï qu’il s’est également envolé pour Hong Kong où l’interview diffusée sur le site duGuardian a été enregistrée.

Le soutien de Ron Paul

On sait, enfin, qu’Edward Snowden a modestement contribué à la campagne présidentielle de Ron Paul, l’an dernier. Ron Paul, c’est ce Texan ultra-libéral qui a tenté d’obtenir l’investiture républicaine en 2012. Edward Snowden a versé 500 dollars à sa campagne. L’ex-représentant du Texas a rendu hommage à Edward Snowden et au journaliste du Guardian qui a révélé, selon ses termes « la vérité sur ce que notre gouvernement fait en secret ».

 

Source : RFI

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Russie : Un agent de la CIA arrêté. Moscou convoque l’ambassadeur américain

Les services secrets russes ont annoncé avoir arrêté mardi à Moscou un agent de la CIA qui tentait de recruter un membre des services russes, un incident pour lequel l’ambassadeur des Etats-Unis a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères.


« L’agent de la CIA Ryan C. Fogle, travaillant sous couverture de troisième secrétaire du département politique de l’ambassade, a été interpellé dans la nuit de lundi à mardi », a annoncé le FSB (Service fédéral de sécurité, issu de l’ex-KGB), cité par les agences de presse russes.

« Ont été découverts sur lui des équipements techniques spéciaux, des instructions pour le citoyen russe qu’il voulait recruter ainsi qu’une importante somme d’argent et des objets permettant de modifier son apparence », selon la même source.
Les télévisions russes ont montré des photos de l’arrestation, l’homme étant plaqué au sol par les agents russes, les bras derrière la tête.

Ryan C Fogle, 3d secretary of US embassy, was detained in Moscow by the Russian counterintelligence agency (FSB)

Sur d’autres photos on peut voir des perruques, des lunettes noires pour se déguiser ainsi qu’un vieux modèle de téléphone portable, un banal plan de Moscou et plusieurs billets de 500 euros tirés d’une enveloppe.

Disguise allegedly used by Ryan Fogle (FSB)Money allegedly used by Fogle for recruiting (FSB)

 

Ryan Fogle’s diplomatic pass (FSB)Ryan Fogle’s pass to the US embassy (FSB)

 

La télévision publique en langue anglaise RT a publié des extraits d’une lettre présentée comme adressée à l’espion russe potentiel.

Instruction allegedly used to recruit Russian intelligence officer with offers of money and means of conducting the conspiracy (FSB)

« Cher ami (…) Nous sommes prêts à vous offrir 100.000 dollars et à discuter de votre expérience et d’une collaboration (…) Nous pouvons offrir jusqu’à un million de dollars par an pour une collaboration à long terme », pouvait-on lire.

L’Américain a été remis à l’ambassade après « les procédures nécessaires », a indiqué le FSB.

« Ces derniers temps, le renseignement américain a tenté à plusieurs reprises de recruter des collaborateurs des forces de l’ordre et des services secrets russes », affirme le FSB.

Le ministère russe des Affaires étrangères a aussitôt annoncé avoir « convoqué mercredi l’ambassadeur américain » à Moscou Michael McFaul.
Interrogé pour confirmer, démentir ou commenter l’incident, ce dernier a simplement répondu sur son compte Twitter : « Non ».

L’expert indépendant russe Alexandre Golts, interrogé par l’AFP, a ironisé sur les « preuves » présentées par les médias étatiques russes, tout en estimant que l’incident allait miner encore un peu plus les relations russo-américaines et « alimenter la propagande » antiaméricaine.

« J’ai du mal à imaginer des informations qui pourraient être fournies par des agents russes pour des sommes pareilles. Pour un million de dollars, on devrait enrôler un responsable du rang de vice-directeur des renseignements extérieurs russes », a-t-il dit.

Les relations russo-américaines sont au plus bas depuis le retour au Kremlin en mai 2012 pour un troisième mandat de Vladimir Poutine, lui-même ancien agent du KGB.

Confronté à une vague de manifestations fin 2011 et en 2012, l’homme fort de la Russie n’a cessé d’accuser les Etats-Unis de financer l’opposition et des ONG qui ont dénoncé des fraudes électorales.
Les ONG russes sont ces dernières semaines la cible de contrôles sans précédent après l’adoption d’une loi qui oblige celles bénéficiant d’un financement étranger et ayant « une activité politique » à se faire inscrire sur un registre d' »agents de l’étranger ».
Ce terme était employé par les autorités soviétiques dans les années 1970 et 1980 pour qualifier les dissidents, accusés d’être à la solde de l’Occident.

« Il est possible qu’on nous dise par la suite que le troisième secrétaire de l’ambassade avait rencontré des opposants russes et ainsi de suite… », a conclu M. Golts.
Le précédent scandale d’espionnage russo-américain remonte à 2010, quand dix agents « dormants » russes avaient été arrêtés aux Etats-Unis, puis expulsés vers Moscou dans un échange digne de la guerre froide.
Les Etats-Unis les avaient remis à Moscou contre quatre Russes, dont trois condamnés pour espionnage au profit des Occidentaux.

 

Sources : Russian Today, El Watan et Le Journal du Siècle