Facebook veut connecter le monde à Internet grâce à des drones

Titan Aerospace fabrique des drones «atmosats», qui fonctionnent comme des satellites.
Titan Aerospace fabrique des drones «atmosats», qui fonctionnent comme des satellites.

Le réseau social serait en discussion pour racheter Titan Aerospace, un fabricant de drones à énergie solaire.

On connaît l’utilisation des drones dans le domaine militaire. On ignore en revanche leur utilité humanitaire. D’après le magazine en ligne TechCrunch, Facebook serait en discussion afin de racheter l’entreprise américaine Titan Aerospace, qui fabrique des drones à énergie solaire. Le site Internet, qui évoque une source anonyme proche du dossier, avance un chiffre d’acquisition de 60 millions de dollars (44 millions d’euros).

Fondé en 2012, Titan Aerospace fabrique des drones «atmosats», qui fonctionnent comme des satellites, mais en suspension près de la Terre plutôt que dans l’espace. La commercialisation des premiers drones de Titan Aerospace est normalement prévue en 2015. Facebook s’intéresserait particulièrement à son modèle le plus récent: le Solara 60, capable de supporter des charges de plus de 100 kg. D’après TechCrunch, l’entreprise de Mark Zuckerberg souhaiterait utiliser ces appareils à des fins de communication et envisage d’ores et déjà d’en produire 11.000.

Des drones et des ballons

Les drones de Facebook pourraient être destinés à apporter une connexion Internet aux populations les plus défavorisées. L’entreprise de Mark Zuckerberg est l’un des principaux investisseurs du projet Internet.org. Ce dernier vise à relier à Internet les cinq milliards de personnes dans le monde qui en sont dépourvus faute de moyens financiers et matériels. «Nous avons déjà investi plus d’un milliard de dollars pour connecter les habitants de pays en voie de développement, au cours des dernières années, et nous avons prévu de continuer», expliquait en août 2013 le PDG de Facebook. L’acquisition de TitanAerospace serait un levier d’accélération considérable pour ce projet, également soutenu par d’autres géants du Web et des télécommunications tels Samsung, Ericsson, MediaTek, Nokia, Opera et Qualcomm.

Facebook n’est pas la première entreprise à investir des milliards par excès d’altruisme. En juin 2013, Google prenait également la voie des airs afin de connecter à Internet les populations défavorisées. Baptisé Loon, son projet consiste à équiper des ballons d’hélium avec des antennes et des panneaux solaires. Ils peuvent fournir une couverture Internet avec un débit équivalent à celui de la 3G. Ce projet, encore en test, a déjà donné lieu à un lâcher de ballons au sud de la Nouvelle-Zélande ainsi qu’à des essais en Californie. Il a néanmoins déjà été largement critiqué, notamment par Bill Gates, qui estime qu’il y a bien d’autres urgences que de connecter les pays pauvres à Internet. «Aucune page Web ne pourra soulager un enfant qui souffre de diarrhée», tranche le cofondateur de Microsoft. Beaucoup s’inquiètent aussi du conflit d’intérêts issu de ces investissements à but humanitaire, qui peuvent être animés par un tout autre désir: celui d’acquérir des parts de marché.

Les entreprises ne sont pourtant pas les seules à vouloir connecter le monde à Internet. Le Media Development Investment Fund, une organisation américaine à but non lucratif, prévoit de son côté d’envoyer en orbite une constellation de minisatellites afin de diffuser gratuitement une version simplifiée d’Internet, l’Outernet.

 

Source : Le Figaro

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Barack Obama, Seigneur des drones

Le chroniqueur conservateur Charles Krauthammer condamne vigoureusement la stratégie de lutte contre le terrorisme adoptée par Obama. L’usage massif des drones est en totale contradiction avec l’image de droiture morale que le président affiche, estime-t-il.

La lecture d’un récent article du New York Times portant sur la « petite activité hebdomadaire » du président a de quoi laisser pantois. On y apprend que tous les mardis Obama étale devant lui des cartes d’un genre très particulier où figurent les photos et les notices biographiques de terroristes présumés pour choisir quelle sera la prochaine victime d’une attaque de drone. Et c’est à lui qu’il revient de trancher : la probabilité de tuer un proche de la cible ou des civils se trouvant à proximité mérite-t-elle ou non d’interrompre la procédure ?

Cet article aurait pu s’intituler : « Barack Obama, Seigneur des drones ». On y apprend avec force détails comment Obama gère personnellement la campagne d’assassinats téléguidés. Et l’article fourmille de citations officielles des plus grands noms du gouvernement. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas de fuites mais bien d’un véritable communiqué de presse de la Maison-Blanche.

L’objectif est de présenter Obama comme un dur à cuire. Pourquoi maintenant ? Parce que, ces derniers temps, le locataire de la Maison-Blanche apparaît singulièrement affaibli : il semble impuissant alors que des milliers de personnes se font massacrer en Syrie ; il se fait rouler dans la farine par l’Iran comme en témoigne l’échec des dernières négociations sur le nucléaire à Bagdad ; Vladimir Poutine le traite avec mépris en bloquant toute intervention dans ces deux pays et lui a même infligé un camouflet public, en décidant de se faire remplacer [par son Premier ministre Medvedev] lors des derniers sommets du G8 et de l’Otan.

Le camp Obama pensait que l’exécution d’Oussama Ben Laden réglerait tous ses problèmes de politique étrangère. Mais la tentative par le gouvernement d’exploiter politiquement le premier anniversaire du raid meurtrier contre le chef d’Al-Qaida n’a pas eu les effets escomptés, bien au contraire. Après avoir abattu sa meilleure carte (la mort de Ben Laden), il lui fallait donc en trouver une nouvelle, et c’est là qu’intervient le « Seigneur des drones », un justicier solitaire, sans pitié pour les membres d’Al-Qaida.

Qu’est donc devenu cet artisan de paix récompensé par un prix Nobel, ce président favorable au désarmement nucléaire, cet homme qui s’était excusé aux yeux du monde des agissements honteux de ces Etats-Unis qui infligeaient des interrogatoires musclés à ces mêmes personnes qu’il n’hésite pas aujourd’hui à liquider ? L’homme de paix a été remplacé – juste à temps pour la campagne électorale de 2012 – par une sorte de dieu vengeur, toujours prêt à déchaîner son courroux.

Quel sens de l’éthique étrange. Comment peut-on se pavaner en affirmant que les Etats-Unis ont choisi la droiture morale en portant au pouvoir un président profondément offensé par le bellicisme et la barbarie de George W. Bush et ensuite révéler publiquement que votre activité préférée consiste à être à la fois juge et bourreau de combattants que vous n’avez jamais vus et que peu vous importe si des innocents se trouvent en leur compagnie.

Il ne s’agit pas de condamner les attaques de drones. Sur le principe, elles sont complètement justifiées. Il n’y a aucune pitié à avoir à l’égard de terroristes qui s’habillent en civils, se cachent parmi les civils et n’hésitent pas à entraîner la mort de civils. Non, le plus répugnant, c’est sans doute cette amnésie morale qui frappe tous ceux dont la délicate sensibilité était mise à mal par les méthodes de Bush et qui aujourd’hui se montrent des plus compréhensifs à l’égard de la campagne d’assassinats téléguidés d’Obama.

En outre le Seigneur des drones est un piètre stratège, car les terroristes morts ne peuvent pas parler. Les frappes aériennes de drones ne coûtent pas cher, ce qui est une bonne chose. Mais aller à la facilité a un coût. Ces attaques ne nous offrent aucune information sur les réseaux terroristes ni sur leurs projets. Capturer un seul homme pourrait être plus utile qu’en tuer dix. Le gouvernement Obama a révélé publiquement son opposition aux tribunaux militaires, sa volonté de juger Khalid Cheik Mohammed [considéré comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001] à New York et d’essayer vigoureusement (mais sans succès puisque, ô surprise, il n’y a pas d’autres solutions) de fermer Guantanamo Bay. Et pourtant ces délicates attentions à l’égard des terroristes quand ils sont prisonniers coexistent avec une volonté de les tuer directement dans leur lit.

Les prisonniers ont des droits, alors ne faisons pas de prisonniers, il y a là une morale perverse. Nous n’hésitons pas à tuer des terroristes, mais nous renonçons délibérément à obtenir des informations qui pourraient sauver des vies. Mais cela nous y penserons plus tard. Pour l’instant, réjouissons-nous de la haute stature morale et de l’absence de complaisance de notre Seigneur des drones présidentiel.

Sources : Courrier International et Olivier Beruyer