Comment Edward Snowden a siphonné l’intranet de la NSA

L’ex-consultant du service secret aurait utilisé des outils logiciels assez basiques pour s’emparer des 1,7 million de documents secrets. Il aurait également subtilisé les mots de passe de certains collègues. La NSA est ridiculisée.

Depuis que l’affaire Edward Snowden a éclaté, une question reste toujours en suspens : comment un sous-traitant de la NSA a-t-il pu récupérer 1,7 million de documents classés « top secret » ?

Or, petit à petit, des détails commencent à surgir sur la méthode employée par le lanceur d’alerte. D’après des agents secrets interrogés par le New York Times, il n’aurait pas copié manuellement tous ces fichiers, ce qui semble assez logique.

En fait, il aurait utilisé un outil du genre « web crawler » ou « spider ». Il s’agit d’un logiciel qui parcourt de manière automatique les systèmes de fichiers à la recherche d’un certain type de données. Un peu comme les robots logiciels de Google, qui scannent le web pour en faire l’inventaire.

Si cette information est vraie, ce serait évidemment un sérieux aveu d’échec de la part du service secret américain, car les « crawler » sont des logiciels hyper basiques dans le monde des professionnels de l’informatique. Qu’un tel logiciel puisse se balader dans les profondeurs des systèmes de la NSA et copier 1,7 million de documents apparait comme très surprenant. Pourtant, d’après les enquêteurs, c’est possible.

Peu de protection face à « l’ennemi interne »

En effet, Edward Snowden était lui-même un administrateur systèmes et réseaux. Il détenait donc un certain nombre de droits d’accès. Par ailleurs, l’infrastructure de la NSA serait très bien protégée contre les intrusions venant de l’extérieur, mais beaucoup moins vis-à-vis de personnes internes malveillantes.

Son lieu de travail aurait également joué un rôle. À l’époque des faits, il était basé à Oahu (Hawaï), dans un centre vieillissant de la NSA qui ne disposait pas encore des derniers dispositifs de sécurité informatique, capables de détecter ce type d’activité. Une information que Reuters avait déjà sortie en octobre dernier et que le New York Times vient maintenant de confirmer.

Enfin, Snowden se serait peut-être servi d’autres comptes utilisateurs que le sien. En novembre dernier, Reuters expliquait que le consultant aurait eu les mots de passe de plus d’une vingtaine de ses collègues, pas forcément avec leur consentement.

Un mémo de la NSA datant du 10 février, et révélé par NBC, vient confirmer partiellement cette information. Ainsi, Edward Snowden aurait demandé à un employé civil de la NSA de venir taper son mot de passe sur son ordinateur, ce qui lui aurait permis de le siphonner (par keylogging par exemple) et d’utiliser son certificat PKI. Lequel donnait accès à des documents classifiés sur l’intranet de la NSA (NSANet).

Le mémo indique que deux autres personnes – un militaire et un sous-traitant – auraient également été impliquées dans le vol de données d’Edward Snowden, sans préciser pour autant de quelle manière. L’employé civil a démissionné le 10 janvier dernier.

Les deux autres ont reçu, en août 2013, l’interdiction d’accéder à toute infrastructure logicielle ou matérielle de la NSA. Dans un webchat réalisé le 24 janvier dernier, Edward Snowden nie avoir volé quelconque mot de passe auprès de ses collègues.

 

Sources : 01net et E&R

Publicité

Comment fonctionne XKeyscore, le logiciel espion de la NSA

Surveiller en temps réel les emails, les requêtes sur les moteur de recherche, ou les réseaux sociaux sont autant de fonctionnalités de cet incroyable outil d’espionnage.

Edward Snowden, l'homme qui a révélé l'existence de Xkeyscore. (Tatyana Lokshina/AP/SIPA)

Edward Snowden, l’homme qui a révélé l’existence de Xkeyscore. (Tatyana Lokshina/AP/SIPA)

« XKESCORE ». C’est le journal britannique The Guardian qui a révélé l’existence de XKeyscore, un programme secret d’espionnage des activités des particuliers sur internet. C’est à nouveau le lanceur d’alerte Edward Snowden, devenu célèbre pour avoir diffusé des informations relatives au programme PRISM, autre système d’espionnage à grande échelle, mis en place par l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA).

Un moteur de recherche pour espion

Selon les documents publiés sur le site du journal, XKeyscore permet aux agents qui l’utilisent de surveiller en temps réel les emails, les requêtes sur les moteur de recherche, l’utilisation des réseaux sociaux ou toute autre action effectuée sur internet pour remonter vers une cible.

Pour ce faire, les utilisateurs du programme n’ont pas besoin d’utiliser un « sélecteur » comme l’adresse email de la personne qu’il vise. XKeyscore permet par exemple de remonter jusqu’à elle à partir d’une simple recherche effectuée sur internet exactement comme un internaute le ferait avec un moteur de recherche.

« Les analystes peuvent également effectuer une recherche par nom, numéro de téléphone, l’adresse IP, mots-clés, la langue dans laquelle l’activité internet a été effectuée ou le type de navigateur utilisé » décrypte le journaliste Glenn Greenwald dans le Guardian. Le système XKeyscore repose sur un réseau de quelque 500 serveurs disséminés dans le monde, y compris en Russie, en Chine ou au Venezuela.

Afflux massif de données

Conséquence de cette collecte à grande échelle : un afflux massif de données qui empêche un archivage des informations à long terme. À priori, la NSA stocke pendant trois à cinq jours les données mais cette période de conservation peut être prolongée si les informations sont jugées importantes.

Comme avec l’affaire Prism, cette nouvelle révélation mets sur le devant de la scène ce qu’on appelle désormais les « Big data ». Autrement dit l’accumulation par milliards de milliards de données de toutes sortes – et notamment celles concernant les individus, par des acteurs multiples : gouvernements, entreprises telles Google, Facebook, Twitter etc., sites de ventes en ligne, institutions diverses. Sciences et Avenir a consacré un dossier sur ce sujet avec notamment une interview de Viktor Mayer-Schönberger de l’université d’Oxford.

Source : Nouvel Obs

Edward Snowden, futur expert de la vie privée pour un réseau social russe ?

Le réseau social russe Vkontakte a publiquement fait une proposition d’emploi à Edward Snowden, l’ancien analyste de la NSA qui a notamment révélé les programmes PRISM et XKEYSCORE. Le fondateur du site, Pavel Durov, souhaite le faire travailler dans le domaine de la sécurité, afin de renforcer la vie privée des membres de Vkontakte. Si Edward Snowden accepte, ce serait une sacrée trajectoire professionnelle.

C’est une proposition d’emploi qui pourrait bien être un sacré pied de nez à la politique américaine en matière de renseignement, si l’intéressé l’accepte. En effet, Pavel Durov a proposé à Edward Snowden, l’ancien analyste de la NSA, de travailler pour le compte du réseau social Vkontakte, très populaire en Russie. Son rôle, s’il accepte ? Améliorer la vie privée des membres du site.

La proposition de l’homme d’affaires russe survient dans un contexte particulier. La Russie a en effet accordé à Edward Snowden un asile temporaire d’un an. La nouvelle a évidemment exaspéré les États-Unis, qui se sont déclarés « extrêmement déçus » de voir sortir libre de l’aéroport moscovite celui qui a révélé publiquement l’existence des programmes de surveillance employés par la NSA.

Edward Snowden n’a pas encore indiqué s’il comptait étudier sérieusement la proposition de Pavel Durov, qui a été évoquée par le New York Times. Et même si elle n’aboutit pas, l’offre de Pavel Durov est en tout cas une façon pour lui de médiatiser Vkontakte en Occident (l’interface du réseau social supporte l’anglais et le français, mais la visibilité du site est insignifiante face à Facebook, très présent en Europe et en Amérique).

« Nous invitons Edward à Saint-Pétersbourg (la ville où se trouve le siège social de Vkontakte, ndlr) et nous serions ravis s’il décidait de rejoindre notre équipe de programmeurs stars à Vkontakte. […] Je pense qu’Edward pourrait être intéressé d’agir en faveur de la protection des données personnelles de nos millions d’utilisateurs« , écrit Pavel Durov sur sa page personnelle.

 

Source : Numérama

Pourquoi Edward Snowden cache son téléphone portable dans un réfrigérateur

Edward Snowden, l’homme qui a révélé l’immense programme d’écoutes américain « PRISM », a l’habitude placer son téléphone portable dans un réfrigérateur pour que ses conversations ne soient pas interceptées par les services de renseignements.

Pendant un dîner secret avec ses avocats à Hong Kong, avant son départ pour Moscou, Snowden avait insisté pour que ses collaborateurs placent leur téléphone dans le réfrigérateur. « Il s’agit de bloquer le signal radio qui peut être utilisé pour transmettre des données vocales et par conséquent de bloquer tout l’audio », a expliqué Adam Harvey, un expert en produits contre-espionnage interrogé par leNew York Times.

En effet, les réfrigérateurs possèdent de grosses parois de métal capables de produire un effet « cage de Faraday », « un espace impénétrable où les ondes radio ne passent plus », empêchant ainsi la transmission de données. Les parois métalliques créent une sorte de barrière électromagnétique. « Il s’agit d’une cage de Faraday parfaite qui va bloquer tous les signaux radio, sauf si vous avec l’intention de vous servir un Martini », a souligné Harvey qui a testé cette solution. Toutefois, tous les réfrigérateurs n’ont pas le même niveau d’isolation. « Enterrer son téléphone dans un tas de vêtements peut être également une solution alternative et fiable pour quelqu’un qui cherche à tromper des oreilles indiscrètes », a encore indiqué l’expert.

Mais pourquoi ne pas simplement éteindre son téléphone ou retirer la batterie ?, s’interroge le journaliste du New York Times. « Beaucoup de téléphones modernes ont des états intermédiaires entre complètement allumé et complètement éteint, durant lesquels certains circuits sont alimentés et d’autres, non », a indiqué Seth Schoen, technicien expert du groupe américain de défense des libertés civiles Electronic Frontier Foundation. « Ces modes permettent au dispositif mobile de se « réveiller » de manière autonome dans certaines conditions comme la pression d’une touche ou encore la réception de certaines données internet à travers une connexion Ethernet câblée, plus connue sous le nom de Wake-on-LAN (permettant à un ordinateur éteint d’être démarré à distance) ».

En ce qui concerne le retrait de la batterie, il n’est pas sûr que des données ne soient pas interceptées car « certains dispositifs, outre la batterie traditionnelle, utilisent une batterie supplémentaire pour la gestion de la mémoire et il se peut que des programmes espions comme ceux de Carrier IQ soient capables de traquer ce type de batterie », conclut Harvey.

 

Source : Express

Espionnage d’internet : une cour secrète renouvelle l’autorisation de la NSA

La NSA peut continuer à collecter les métadonnées des communications téléphoniques de millions d’Américains, selon une décision de justice exceptionnellement rendue publique.

Le quartier général de la NSA, à Fort Meade, dans le Maryland (Etats-Unis).
Le quartier général de la NSA, à Fort Meade, dans le Maryland (Etats-Unis). (NSA / AFP)
Pour la première fois, ce type de décision a été rendue publique. Une cour secrète a renouvelé pour trois mois l’autorisation à la NSA de collecter les métadonnées des communications téléphoniques de millions d’Américains, a fait savoir samedi 20 juillet la Direction nationale du renseignement.

Une ordonnance de cette cour secrète, la Cour de surveillance du renseignement étranger (FISC), avait été dévoilée début juin par l’ancien consultant Edward Snowden dans le Guardian. Cette ordonnance obligeait l’opérateur américain Verizon à livrer chaque jour et pendant trois mois à la NSA la totalité des métadonnées (numéro appelé, durée de l’appel) téléphoniques de ses abonnés.

Document déclassifié

« A la lumière de l’intérêt significatif et continu de la population pour le programme de collecte des métadonnées téléphoniques, le DNI [Directeur national du renseignement, qui chapeaute la NSA] a décidé de déclassifier et de rendre public » le renouvellement de l’autorisation donné par cette cour à la NSA, affirme la Direction du renseignement dans un communiqué vendredi.

Créée en 1978 après le scandale du Watergate, la FISC est composée de 11 juges nommés pour sept ans par le président de la Cour suprême. Le programme de collecte des métadonnées téléphoniques a été créé par le Patriot Act de 2001 dans le cadre de la lutte antiterroriste puis renouvelé à de larges majorités par le Congrès en 2006 puis en 2011.

Depuis les révélations d’Edward Snowden, ce programme fait l’objet de vives critiques, des élus qui en dénoncent les dérives. Lors d’une audition cette semaine à la Chambre des représentants, une élue démocrate, Zoe Lofgren, a ainsi dit avoir l’impression « très clairement que ce programme est sorti des rails de la légalité ».

 

Source : France TV Info

Discours symbolique de Edward Snowden à l’aeroport de Moscou le vendredi 12 juillet

«Bonjour,

Je m’appelle Edward Snowden. Il y a un peu plus d’un mois, j’avais une famille, une maison au paradis et je vivais dans un très grand confort. J’avais aussi la capacité, sans aucun mandat, de chercher, de saisir et de lire toutes vos communications. Celles de n’importe qui, n’importe quand. J’avais le pouvoir de changer le sort des personnes.

C’était aussi une grave violation de la loi. Les 4e et 5e amendements de la Constitution de mon pays, l’article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen ainsi que de nombreux accords et traités interdisent un tel système de surveillance massive et omniprésente. Mais bien que la Constitution Américaine qualifie ces programmes d’illégaux, mon gouvernement explique qu’un jugement d’un tribunal secret, que personne ne peut voir, a légitimé ces pratiques illégales. Ce jugement corrompt purement et simplement la notion fondamentale de Justice, notion selon laquelle pour réellement exister la Justice doit être appliquée dans les faits. L’immoral ne peut être rendu moral par une loi secrète.

Je crois au principe établi à Nuremberg en 1945 : « Les individus ont un devoir international qui transcende les obligations nationales d’obéissance. Il en découle que les citoyens ont le devoir de violer leurs lois domestiques pour empêcher que des crimes contre la Paix et contre l’Humanité ne puissent être perpétrés ».

Par conséquent, j’ai fait ce que j’ai cru bon. J’ai lancé une campagne contre ces mauvaises pratiques. Je n’ai pas cherché à m’enrichir. Je n’ai pas cherché à vendre des secrets américains. Je n’ai passé aucun accord avec un gouvernement étranger pour garantir ma sécurité. À la place, j’ai rendu public ce que je savais, pour que ce qui nous touche tous puisse être débattu par nous tous, à la lumière du jour. J’ai voulu un monde de Justice.

Cette décision morale de parler au grand public de ces pratiques d’espionnage m’a coûté très cher, mais c’était la chose à faire et je ne regrette rien.

Depuis, le gouvernement américain et ses services de renseignements ont essayé de faire de moi un exemple, un avertissement pour tous ceux qui seraient tentés de parler à leur tour. J’ai été rendu apatride et traqué pour m’être exprimé politiquement. Les États-Unis d’Amérique m’ont mis sur la liste des personnes interdites de vol aérien. Ils ont demandé à Hong-Kong de m’extrader, en dehors du cadre juridique qui s’applique dans ce pays, et en totale violation du principe de non-refoulement des Nations-Unis. Ils ont menacé de sanctions des pays qui étaient prêts à défendre mes droits et le système d’asile reconnu par l’ONU. Ils ont même franchi une étape, sans précédente, en donnant l’ordre à une puissance militaire alliée de forcer l’avion d’un Président d’Amérique Latine à atterrir pour y chercher un réfugié politique. Cette escalade dangereuse n’est pas qu’une menace contre la dignité de l’Amérique Latine, c’est une menace contre le droit fondamental, partagé par toutes les personnes et par toutes les nations, de vivre sans être persécuté, de pouvoir demander un asile et d’en bénéficier.

Malgré tout, devant cette agression historique et disproportionnée, un peu partout dans le monde, des pays m’ont proposé soutien et asile. Ces nations, parmi lesquelles la Russie, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et l’Équateur, ont toute ma gratitude et mon respect pour avoir été les premières à se lever contre ces violations des Droits de l’Homme perpétrées par des puissants, et non par des faibles. En refusant d’abandonner leurs principes devant les intimidations, ils ont gagné le respect du monde. J’ai l’intention de voyager dans chacun de ces pays pour exprimer mes remerciements personnels à leurs peuples et à leurs dirigeants.

J’annonce aujourd’hui que j’accepte officiellement toutes les offres de soutien et d’asile qui m’ont été faites, et toutes celles qui pourront m’être faites dans le futur. Avec, par exemple, la proposition du Président du Venezuela, M. Maduro, mon statut de réfugié est désormais officiel. Aucun état n’a donc le droit ni de limiter ni d’interférer avec mon droit de bénéficier de cet asile. Mais comme nous l’avons vu, certains gouvernements d’Europe Occidentale et d’Amérique du Nord ont démontré leur volonté d’agir en dehors des lois. Ce comportement persiste aujourd’hui et ces menaces illégales me rendent impossible tout voyage vers l’Amérique Latine pour bénéficier de l’asile politique qui m’y a été accordé dans le respect de nos droits universels.

Cette volonté d’états puissants d’agir hors des lois représente une menace pour nous tous, elle ne doit pas être couronnée de succès. Par conséquent, je demande votre assistance (N.D.L.R. : Aux associations) pour me garantir un chemin sûr par les pays concernés en sécurisant mon voyage vers l’Amérique Latine. Je demande également l’asile à la Russie jusqu’à ce que ces états respectent la loi et que mon voyage, légal, soit permis. Je vais soumettre ma requête à la Russie aujourd’hui en espérant qu’elle soit accueillie favorablement.

Si vous avez des questions, j’y répondrai autant que je le peux.

Merci. »

La France huée dans plusieurs pays latino-américains

screen_shot_2013-07-04_at_8.13.19_am_0 (1)

« François Hollande, lécher les bottes, ta mère la pute » : à défaut d’être très élégant, ce message sur un panneau aperçu dans une manifestation à Caracas, au Vénézuela, donne une idée de la colère soulevée dans plusieurs pays latino-américains par l’affaire de l’avion du président bolivien Evo Morales cloué au sol de Vienne. La France et le Portugal, qui ont pendant plusieurs heures refusé le survol de leur territoire de l’avion, sont particulièrement visés. A La Paz, les petits drapeaux français et européen qui étaient fixés à la grille de l’ambassade de France, ont été décrochés et brûlés (voir la vidéo).

 

 

Les manifestants dénoncent les « laquais européens » des « impérialistes américains » et considèrent que la France a agi de façon néocolonialiste, sans aucune considération pour la souveraineté de la Bolivie. En Argentine, la présidente Cristina Kirchner, dans un discours, a parlé « d’acte d’humiliation ».

Selon le ministère bolivien des Affaires étrangères, la France a pris cette décision car elle soupçonnait l’avion, en provenance de Moscou et en direction de La Paz, de transporter le fugitif américain Edward Snowden, qui a rendu public l’existence de Prism, un vaste système d’espionnage électronique américain. La France s’est scandalisée de l’existence de Prism, mais l’affaire de l’avion bolivien jette un doute sur la profondeur de cette indignation…

 

Source : News360x.fr

Surveillance d’internet : La France et le Canada surveillent également leurs citoyens

La France dispose également d’un programme de surveillance massif proche de celui mis en place par l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA). La direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français agissant au-delà de nos frontières, examine, chaque jour, le flux du trafic Internet entre la France et l’étranger en dehors de tout cadre légal.

Ce service, placé institutionnellement sous la coupe du ministère de la défense, est doté de moyens techniques très puissants qui sont, notamment, hébergés dans les sous-sols du siège de la DGSE, boulevard Mortier à Paris. « C’est une pêche au chalut », explique un ancien de la DGSE pour décrire la nature du contrôle. L’immense quantité d’information doit être compressée puis décompressée avant d’être enfin décryptée par les agents de la DGSE.

La justification de ces interceptions est avant tout liée à la lutte antiterroriste sur le sol français. De facto, au regard de l’absence d’encadrement légal strict de ces pratiques, l’espionnage des échanges Internet peut porter sur tous les sujets. Interrogée par Le Monde, la DGSE s’est refusée à tout commentaire sur ces éléments couverts par le secret-défense. De plus, les autorités françaises arguent que les centres d’hébergement des sites sont, pour la plupart, basés à l’étranger, ce qui exonère la DGSE de répondre à la loi française.

Au Canada également,

Le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay, a signé en novembre 2011 un décret renouvelant ce programme de surveillance des télécommunications, qui avait initialement été mis en place dès 2005 par le précédent gouvernement libéral, a indiqué le quotidien. Le programme, qui a pour objectif de traquer les activités suspectes, a été suspendu pendant plus d’un an en 2008 après l’intervention d’un juge de la Cour suprême. Le magistrat avait exprimé ses craintes qu’il ne mène à une surveillance indue des Canadiens, ajoute le journal, qui a obtenu des

registres de données censurées en grande partie au nom de la sécurité nationale.
Aux Etats-Unis, les révélations sur deux programmes semblables celui du FBI et celui de la NSA, ont déclenché la semaine dernière une vive controverse, forçant le président Barack Obama à préciser qu’ils ne s’appliquent pas « aux citoyens américains ».

Or, au Canada, il arrive que des données provenant de citoyens canadiens soient parfois récoltées « accidentellement », ont admis des responsables du programme au Globe and Mail.Ces données sont alors immédiatement détruites, ont assuré ces responsables appartenant au Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSTC), une agence du ministère de la Défense.

Dans un compte rendu adressé en 2011 au ministre de la Défense, les responsables du programme ont défendu son utilité en précisant qu’il ne vise pas l’écoute des communications en soi mais plutôt la récolte d’« une information associée à une télécommunication ».

« Les mesures actuelles de protection de la vie privée sont adéquates », ajoutaient ces mêmes responsables, alors qu’ils cherchaient à obtenir le renouvellement du programme, poursuit le Globe and Mail« La métadonnée est utilisée pour isoler et identifier des communications de l’étranger, puisque le CSTC ne peut en vertu de la loi mener ses activités auprès des Canadiens », a dit au Globe and Mail un porte-parole du CSTC, Ryan Foreman.
Comment est-il possible que des programmes aussi sensibles que Prism puissent être approuvés par le Congrès américain, et que personne (le public) n’en sache rien ? Est-ce que l’objectif du programme est masqué ? Un acte du Congrès est public, me semble-t-il.Vaste question, qui a trait en grande partie à l’attitude des Etats-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Une politique publique basée sur la peur a donné les pleins pouvoirs à l’antiterrorisme, dans une sorte de guerre permanente (un peu comme dans 1984, de George Orwell ?).Un ensemble de projets législatifs ont depuis sans cesse augmenté, de façon disproportionnée, les pouvoirs de la NSA et du FBI. On a l’impression aujourd’hui qu’ils ont les pleins pouvoirs, sans aucune forme de contrôle démocratique.

Depuis 2003, des lanceurs d’alerte chez AT&T (un des plus gros opérateurs télécom américains) ont indiqué que la NSA dupliquait, pour en faire ce qu’elle voulait, les communications internationales. Depuis 2008, la loi amendant le Foreign Intelligence & Surveillance Act (FISA) donnait les pleins pouvoirs auxservices de renseignements pour collecter les données de citoyens non américains lorsque celles-ci sont stockées aux Etats-Unis.

On le savait. Le Congrès savait pour Prism, mais n’a rien dit. Désormais on a des preuves irréfutables, c’est ce qui manquait pour que puisse éclater un vrai débat public, condition indispensable à ce que l’on puisse revenir en arrière sur ces délires ultra-sécuritaires et à ce que les citoyens puissent reprendre le contrôle de ces institutions.


La culture du secret de ces institutions est une grande partie du problème. Dans une société démocratique, il est admis que des services puissent être secrets, mais ils doivent rendre des comptes aux citoyens, après que les actions ont été menées. Ici, il s’agit de pans entiers de politiques publiques qui sont tenus secrets, complètement hors d’atteinte des citoyens. C’est un problème grave, surtout lorsque les citoyens du monde entier sont concernés.Comment se fait-il que le gouvernement américain veuille absolument tenir un programme comme Prism secret ? Après tout, c’est bien eux qui disent « Si vous n’avez rien à vous reprochervous n’avez rien à cacher », non ?

Par ailleurs, notons cette différence essentielle : les citoyens ont le droit à la protection de leur vie privée, c’est une liberté fondamentale. Les « vies » des Etats doivent, par nature et par défaut, être publiques. Le secret n’est justifié qu’au cas par cas. On a l’impression d’assister aux Etats-Unis à une inflation de cette culture du secret, très dangereuse pour la démocratie (qui a dit « Wikileaks » ?).

On nous annonce (officiellement) que la France n’est pas concernée, mais comment savoir (en particulier au regard des accords, entre autre militaires, transatlantiques) dans quelle mesure c’est vrai ? Quand Amesys fournit des outils à la Libye, comment peut-on imaginerqu’ils n’ont pas déjà servi en France ?

Bien sûr que la France est concernée ! La loi d’amendement au FISA dit explicitement que « tous les citoyens non Américains » peuvent être écoutés « sans conditions » par les services américains, « lorsque les données sont stockées aux USA ». Les citoyens français sont très nombreux à utiliser les services desentreprises collaborant activement avec la NSA : GoogleFacebook, Yahoo!,MicrosoftApple, etc. Chacun utilisant ces services est concerné, quel que soit son pays de résidence et c’est bien l’un des nœuds du problème…

Après, savoir si la France a un tel mécanisme de surveillance généralisé des communications et des données de ses citoyens… C’est peu probable. Déja parce que les budgets de nos agences sont très différents de ceux de la NSA. Ensuite parce qu’il leur suffit peut-être de nouer des accords de coopération avec la NSA et le FBI… pour pouvoir accéder aux données concernant leurs citoyens ? De tels accords ont apparemment été signés entre GCHQ (les services britanniques) et la NSA. Si la France disposait d’un tel système de surveillance généralisée, j’ose espérer que des informations à son sujet finiraient par fuiter…

J’ai toutefois l’impression que Prism n’est pas si nouveau. Le programme Echelon fait exactement la même chose avec les conversations téléphoniques depuis de nombreuses années.

Ce qui est véritablement nouveau ici est de deux ordres : tout d’abord d’avoir un « smoking gun » comme on dit en anglais, une preuve « fumante », flagrante. Les services américains sont pris la main dans le sac, de manière irréfutable. Cela permet une fois pour toutes de couper court aux arguments du type « vous voyez le mal partout », « vous êtes paranoïaques » et autres « théories du complot ». Et peut-être que ces éléments probants permettront de susciter un réel débat public.

Ensuite, ce que Prism montre, c’est la « collaboration active » de ces entreprises géantes (Google, Facebook, Apple, Microsoft, etc.) à la surveillance généralisée. Certes, le droit américain ne leur laisse peut-être pas vraiment le choix et c’est bien là une partie importante du problème… Mais le fait que ces entreprises coopèrent ainsi avec la NSA et le FBI montre qu’il n’est en aucun cas possible de leur faire confiance pour protéger nos libertés fondamentales, au premier rang desquelles notre liberté d’expression et la protection de notre vie privée… surtout si on a le mauvais goût de ne pas être citoyen américain !

Le problème sous-jacent est bien la centralisation de nos données. Pourquoistocker toutes nos vies, tous nos contacts, toutes nos affinités, toute notre intimité, sur les serveurs de ces entreprises, situés aux Etats-Unis ? Nous sommes en train, plus ou moins consciemment, de bâtir ces gigantesques agrégats de données, de nous fliquer volontairement… Pourquoi ? Cette centralisation est par nature contraire à l’esprit même d’Internet, dans lequel chacun peut lire et accéder à l’information, mais également publierparticiper, pour être un acteur du réseau à part entière.

Prism, en montrant à quel point la limite entre surveillance des Etats et surveillance privée est ténue, sinon inexistante, pose cette question cruciale de l’architecture que nous choisissons pour nos communications et pour stocker nos données. Et cette architecture est forcément politique.

Peut-on encore parler de vie privée sur Internet ? Je pars du principe que puisque que nous tweetons, bloguons ou commentons des choses sur Internet, notre vie privée n’existe plus, elle est devenue une vie publique.

Il y a une différence fondamentale entre vie publique et vie privée. La vie privée c’est l’intimité, c’est ce que l’on ne partage qu’avec les personnes de son choix. La vie publique c’est quelque chose qui jusqu’à il n’y a pas si longtemps de cela était principalement l’apanage de quelques personnes : politiques, journalistes, stars, etc.

Avec Internet, nous avons tous la possibilité de participer, de publier, d’écrire et donc d’avoir une vie publique. Nous commençons tout juste à apprendre l’impact que cela peut avoir sur notre société tout entière… Pour autant, cela ne veut pasdire qu’il faut renoncer à la protection de notre vie privée, qui est une liberté fondamentale.

Pourquoi vouloir protéger sa vie privée lorsque l’on n’a rien àcacher ?

Cet argument revient très souvent lorsque l’on évoque la question de la protection de la vie privée. Déjà, si vous n’avez véritablement « rien à cacher », vous opposeriez-vous à ce que l’on mette une caméra dans votre salle de bain ? Dans votre chambre à coucher ? Que l’on expose vos mots doux, fussent-ils envoyés via SMS, courriel ou Facebook, sur la place publique ? Vous comprenez ici qu’il existe une sphère d’intimité dont chacun doit pouvoir rester maître, et choisir ce qu’il révèle ou non au monde.

Ensuite, avec les données personnelles, nous faisons un pari sur l’avenir, un peu comme une hypothèque. Nous ne pouvons pas savoir ce qui sera faisable et ce qui sera fait avec nos données personnelles, nos profils, dans un an, cinq ans ou dix ans. Une chose est sûre : avec le temps, ces profils deviennent de plus en plus précis. Des chercheurs ont récemment démontré que juste par vos « J’aime » cliqués sur Facebook, et aucune autre information que celle-là, il était à 90 % possible de prédire votre orientation sexuelle, si vous êtes fumeur, marié ou divorcé, etc. Donc on diffuse beaucoup plus d’informations sur nous-mêmes qu’on ne le croit, parfois des informations ayant trait à notre intimité. Nous devonspouvoir rester maîtres de ce que nous laissons comme traces ou non.

Ensuite, et toujours parce que l’on ne sait pas de quoi demain sera fait, parce que l’on ne peut pas prédire si dans le futur on souhaitera se lancer en politique, ou décrocher un job dans telle entreprise ou telle institution. Ce jour-là, il sera trop tard pour effacer des informations gênantes qui auront été publiées des années auparavant.

Ensuite, parce que la surveillance généralisée est une des composantes des régimes autoritaires, et parce que l’on a vu dans l’histoire des régimes basculertrès rapidement… Si cela arrivait, il serait temps de se demander si l’on souhaitepasser du côté de la résistance et là encore il sera peut-être trop tard si les autorités disposent de toutes les informations sur vous.

Enfin, et parce que je me trouve dans cette noble maison qu’est Le Monde, parce que la protection des sources des journalistes est une composante essentielle d’une information libre, elle-même pilier de nos démocraties. Il faut donc que les journalistes et leurs sources puissent avoir un espace ou échanger de façon protégée… Peut-être souhaiterez-vous un jour devenir journaliste, ou le deviendrez-vous par la force des choses ?

Sachant que nos données (Facebook, Google, Amazon, etc.) sont déjà stockées sur des serveurs (et donc exploitables), dans quelle mesure peut-on réellement se protéger puisqu’un retour arrière est impossible (me semble-t-il) ?

Un jeune étudiant autrichien, Max Schrems, s’est livré à une expérience intéressante : il a voulu accéder aux données que Facebook stockait sur lui, comme le droit européen l’y autorise. Il lui a fallu deux ans et, je crois, plus de vingt procédures dans de nombreuses juridictions pour finalement y parvenir et recevoirde Facebook 900 mégaoctets (Mo) de données parmi lesquelles… toutes les informations qu’il avait « effacé » de Facebook ! Photos, messages, etc., tout y était en réalité encore !

Lire : Max Schrems : ‘L’important, c’est que Facebook respecte la loi’

Donc retourner en arrière semble difficile en effet… Mais on peut se focaliser sur ici et maintenant, afin de mieux envisager l’avenir. N’est-il pas temps de fermervotre compte Facebook ? D’utiliser une messagerie qui n’est pas stockée aux USA ? De commencer à apprendre à utiliser le chiffrement de vos communications ?

Quelle solution avons-nous donc ? Tout crypter ? Quitter ces géants du Net ? Faire son propre serveur de messagerie électronique ?

Nous sommes à un moment charnière de notre histoire, et nous devonsquestionner notre rapport, en tant que société tout entière, à la technologie. D’un côté, nous avons des technologies qui sont faites pour rendre les individus plus libres, par l’ouverture et le partage des connaissances : ce sont les logiciels libres (comme GNU/Linux, Firefox ou Bittorrent), les services décentralisés (que chacun fait tourner sur son serveur ou sur des serveurs mutualisés entre amis ou à l’échelle d’une entreprise, institution, etc.) et le chiffrement point à point (qui permet aux individus de protéger par les mathématiques leurs communications contre les interceptions).

De l’autre, nous constatons la montée en puissance de technologies qui sont conçues pour contrôler les individus, voire restreindre leurs libertés en les empêchant d’en faire ce qu’ils souhaitent. Je pense à ces pseudo « téléphones intelligents » qui ne sont ni des téléphones (ils sont avant tout des ordinateurs qui savent également téléphoner), ni intelligents, car en réalité ils permettent de fairemoins de choses que des ordinateurs traditionnels et sont conçus en réalité pour empêcher à l’utilisateur de choisir d’où seront installés les programmes, d’installerles programmes de son choix, ou même d’avoir accès pour le comprendre au fonctionnement des puces cruciales qui permettent d’émettre ou recevoir des données… Si l’on devait appeler cela de « l’intelligence », cela serait peut-être au sens anglais du mot, pour parler de renseignement, d’espionnage… car de tels appareils semblent être conçus pour espionner leurs utilisateurs.

De la même façon, ces services massivement centralisés sont par essence, par leur architecture, faits pour aspirer toutes les données personnelles possibles et imaginables. Ce sont les modèles économiques de ces entreprises qui sont basés sur le fait d’entretenir un flou entre vie privée et vie publique… Toutes ces technologies ont en commun de maintenir l’utilisateur dans l’ignorance… Dans l’ignorance du fonctionnement même de la technologie (parfois en habillant cela de « cool », comme Apple qui vous vend l’ignorance, comme du confort, de la facilité, etc., au travers de produits il est vrai assez bien conçus, quoique fragiles…).

En réalité, signer un contrat avec une de ces entreprises sans comprendre les réalités sous-jacentes qu’implique l’architecture de nos outils de communication et le fonctionnement de nos appareils revient un peu à signer un contrat sans savoirlire. Je suis convaincu que la connaissance de la technologie (ou à l’inverse son ignorance) est la clé qui nous permet de basculer d’un environnement où l’on est sous contrôle à un environnement ou l’on est plus libre car l’on retrouve le contrôle de la technologie.

C’est l’humain qui doit contrôler la machine, et jamais l’inverse. Cette promesse, c’est celle du logiciel libre, c’est celle des services décentralisés, c’est celle du chiffrement. Mais toutes ces technologies ont en commun de nécessiter un effort actif de participation de la part de l’utilisateur… Eh oui, la liberté a un prix !

Je pense qu’il est urgent de repenser la façon dont nous apprenons la technologie. Allez voir le site « Codecademy » qui permet d’apprendre de façon ludique àprogrammer… Ou encore allez voir sur les forums des communautés de logiciels libres (comme ubuntu-fr) où vous trouverez des centaines de passionnés prêts àpartager leurs connaissances pour vous aider à sortir des prisons dorées de Microsoft, d’Apple, de Google et de Facebook !

En gros : indignez-vous contre ces technologies de contrôle et rejoignez les hackers (au sens étymologique d’enthousiastes de la technologie qui aiment la maîtriser et construire, pas au sens déformé de criminels qui cassent) pourparticiper à la technologie qui libère !

Lire aussi : Comment passer entre les mailles de la surveillance d’Internet ?

Il y a actuellement des discussions au niveau européen sur une réforme de la législation sur la protection des données personnelles. Pensez-vous que ces révélations sur Prism vont avoir un impact sur la future législation européenne ?

Très bonne question ! La réponse à Prism est en partie, comme nous venons de l’évoquer, technique… mais elle est également évidemment politique. La réforme en cours de la législation européenne sur la protection des données personnelles est un enjeu crucial. C’est un dossier ultra-complexe (4 000 amendements en commission « libertés publiques », record absolu au Parlement européen) et le fruit d’une campagne de lobbying sans précédent (décrite par Yves Eudes dans un article du Monde, « Très chères données personnelles »), mené par ces mêmes géants de la Silicon Valley (Facebook, Yahoo!, Google, etc.) qui ont ouvertement participé à la surveillance par la NSA des citoyens du monde entier ! Ils seraient sur le point d’obtenir gain de cause et de ratiboiser la moindre protection de nos données personnelles, le moindre outil que la Commission européenne prévoyait de mettre entre nos mains pour reprendre le contrôle de nos données.

Devant l’ampleur de la tâche, le dossier est en train de s’enliser au Parlement européen. On aura donc plus de temps que prévu durant lesquels les citoyens devront s’impliquer pour entrer en contact avec les élus et leur expliquer combien cette question est cruciale et combien ils doivent voter en faveur de mesures nous protégeant, plutôt qu’en obéissant aux intérêts de ces entreprises. La France aura aussi à se positionner, au niveau du Conseil de l’UE, et on attend le gouvernement au tournant.

Si le texte final n’était pas dans sa version « Facebook & Co » où nous aurions perdu tout moyen de nous défendre (et une législation bien pire que ce qu’il y a actuellement), nous pourrions faire pression sur ces entreprises : par exemple en résiliant le « safe harbour » qui les exonère (en gros) de respecter trop strictement le droit européen. Par exemple en encadrant l’export de données dans les pays tiers. Enfin, en créant les conditions de l’émergence en Europe d’un marché des services Internet non pas basés sur l’utilisation abusive, sans restrictions, de nos données personnelles, mais sur de nouvelles architectures décentralisées qui redonneraient la confiance aux citoyens en leur redonnant le contrôle sur leurs données.

De plus, il convient de noter que cet espionnage par la NSA et le FBI concerne évidemment au premier plan les libertés publiques et les citoyens, mais qu’il concerne également les entreprises, par une dimension dite « d’intelligence économique »… Combien d’entreprises stockent leurs données sensibles, non chiffrées, sur les serveurs de Google ? Quelles conséquences en matière de marchés perdus, de conséquence faussée, etc. ?

Le « cloud » qui, aux yeux de nombreuses entreprises et de particuliers, représente une solution de flexibilité et de simplicité extrême ne représente-t-il pas paradoxalement la plus grande menace sur un Internet par définition décentralisé ?

Le « cloud » est un concept plus ou moins fumeux (arf arf)… Au point que je parle de temps en temps de « clown computing », tant le terme à la mode et le marketing prennent parfois le pas sur la raison. En réalité, le cloud rejoint deux concepts pas franchement nouveaux. D’abord, le concept technique dit de la « virtualisation », par lequel on décorrèle le matériel informatique des logiciels qui s’y exécutent (pourpouvoir changer un disque dur ou un ordinateur grillé sans tout arrêter par exemple). Ensuite, le concept juridique, économique (et politique) de l’externalisation : confier à d’autres le soin de gérer une partie de ses ressources informatiques, de ses communications, de son stockage, etc.

C’est là qu’il y a potentiellement un risque, qu’il convient d’analyser sereinement, loin du marketing. Peut-on faire confiance à des entreprises tierces (surtout américaines, au vu de Prism) pour stocker ses données personnelles ? Ses informations sensibles ? Son fichier client ? J’ai tendance à penser qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même et qu’il faut à tout moment pouvoir maîtriser son infrastructure et ses ressources…

Lire aussi : Le scandale FBI-NSA pourrait rebattre les cartes dans le marché du ‘cloud’

Le livre 1984 serait-il une espèce de prémonition de ce qui se passe maintenant ?

On pourrait regarder Google, Facebook, la NSA et l’Etat policier… pardon, l’Etat « national security » américain et se dire que Big Brother, à côté, c’est de la gnognote. De l’autre, 1984 est l’histoire d’un individu qui se révolte contre cette surveillance et ce contrôle absolu, totalitaire, des populations. Et, pour cela, nous renvoie à nos responsabilités individuelles.

Nous avons tous, entre les mains, les moyens de participer à changer les choses, à peser sur le débat et les politiques publiques. Pour certains d’entre nous, nous avons même accès à des informations, tenues secrètes, qui prouvent que les gouvernements et les entreprises agissent parfois de façon contraires aux principes démocratiques et à l’intérêt général. Comme Winston dans 1984, nous avons le devoir d’user de notre sens de la justice pour aider à faire éclater la vérité. C’est pour cela que Julian Assange, Bradley Manning et Edward Snowden doivent être reconnus et protégés et servir d’inspiration aux citoyens aux quatre coins du monde.

Source : Le Monde01.net et Le Monde

Espionnage: où est donc Edward Snowden, « l’homme le plus recherché du monde ? »

Edward Snowden durant son interview à Hong Kong, le 9 juin 2013.

Edward Snowden durant son interview à Hong Kong, le 9 juin 2013.

REUTERS/Ewen MacAskill/The Guardian/Handout

Où est Edward Snowden ? Le jeune homme est-il toujours à Hong Kong où il a trouvé refuge le 20 mai dernier ? Edward Snowden est cet Américain de 29 ans, ancien agent de la CIA, qui a travaillé ensuite pour la NSA, l’agence américaine de sécurité nationale, et à l’origine des informations sur le système d’interception des communications par la NSA.

Avec notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy

Où est donc passé celui que le journal anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, appelle sur sa Une ce matin, « l’homme le plus recherché du monde ? ».

La presse l’a raté de peu à l’hôtel Mira lundi après-midi. Il avait réglé sa note le matin même. À ce stade, Edward Snowden n’est pas recherché par la police, étant entré en règle dans le pays et n’étant pas jugé coupable du moindre crime, ni ici ni ailleurs.

Il a plusieurs options. Il peut d’abord décider d’aller ailleurs. À moins d’une heure de train ou de ferry se trouvent la Chine ou Macao. Mais pour Edward Snowden, qui cherche un pays d’accueil où l’on respecte la liberté d’expression, il y a mieux comme destination.

Si son intention est de demander l’asile politique à l’Islande, les démarches devront passer par le consulat de Finlande qui représente l’Islande à Hong Kong. Il peut aussi demander le statut de réfugié politique au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Il peut encore attendre que les Etats-Unis formulent une demande d’extradition à son encontre. Dans cette démarche, il aura des arguments à faire valoir, notamment le caractère politique de son geste qui peut invalider la demande d’extradition. Plusieurs instances de justice peuvent alors être sollicitées et ces démarches pourraient traîner. Mais pour le moment, la page Facebook qui porte son nom de même que son compte tweeter sont tout ce qu’il y a de plus actifs.

La pression monte sur Edward Snowden

Aux Etats-Unis, des deux côtés de l’échiquier politique américains des élus réclament l’arrestation de l’auteur des fuites, rapporte notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes. Pression politique mais également populaire. Selon un sondage réalisé pour leWashington Post et le Pew Institute, 56% des Américains estiment que le programme de surveillance téléphonique est « un moyen acceptable » de lutter contre la menace terroriste.

On en sait désormais un peu plus sur la personnalité d’Edward Snowden et sur son parcours. Edward Snowden a d’abord tenté de rejoindre les forces spéciales de l’armée américaine, en 2004. Un projet auquel il a dû renoncer après s’être brisé les deux jambes, selon son dossier militaire. Recruté par la CIA, le jeune informaticien était passé dans le privé. Depuis quatre ans, il travaillait pour un sous-traitant de la NSA… dans les bureaux de l’agence de renseignement à Hawaï. C’est là qu’il a copié les documents qui ont fuité dans la presse ces derniers jours. C’est d’Hawaï qu’il s’est également envolé pour Hong Kong où l’interview diffusée sur le site duGuardian a été enregistrée.

Le soutien de Ron Paul

On sait, enfin, qu’Edward Snowden a modestement contribué à la campagne présidentielle de Ron Paul, l’an dernier. Ron Paul, c’est ce Texan ultra-libéral qui a tenté d’obtenir l’investiture républicaine en 2012. Edward Snowden a versé 500 dollars à sa campagne. L’ex-représentant du Texas a rendu hommage à Edward Snowden et au journaliste du Guardian qui a révélé, selon ses termes « la vérité sur ce que notre gouvernement fait en secret ».

 

Source : RFI