Les Européens, trop différents pour s’entendre, par Richard Swartz

Plus que les écarts entre les performances économiques des pays de l’UE, ce sont les fossés culturels entre les Européens qui constituent l’obstacle principal à la création d’une véritable communauté homogène. Il n’est dès lors pas étonnant qu’on ait autant de mal à la construire.

Richard SwartzRichard Swartz

Beaucoup ont essayé d’unifier l’Europe. Tous s’y sont cassé les dents : Attila, Charlemagne, Napoléon, Hitler. La dernière tentative en date est celle de l’Union européenne. Laquelle ne s’est pas faite flamberge au vent, l’Europe étant devenue, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un continent pacifiste, mais par des moyens inoffensifs tels que la bonne volonté, des institutions communes, des lois et des règlements. L’euro est la dernière, et sans doute la plus audacieuse, de ces initiatives en faveur d’une Europe unifiée.

L’origine du projet européen moderne est politique, même si l’accent a été mis depuis le début sur l’économie. La communauté du charbon et de l’acier visait à sortir les industries nécessaires à la guerre du cadre de l’Etat-nation afin de prévenir de nouveaux conflits. Les économies nationales devaient se retrouver dans un grand marché unique dépourvu de frontières et converger peu à peu les unes vers les autres.

Le projet ne se fondait pas simplement sur la suprématie de l’économie mais aussi sur l’idée que la rationalité économique devait permettre l’émergence d’une communauté de vues dans d’autres domaines dans le but de créer un ensemble qui ressemblerait à des Etats-Unis d’Europe.

La région la plus complexe du monde

L’économie a sans aucun doute joué un rôle décisif lorsqu’il s’est agi de mettre l’Europe à l’abri de la guerre et, en ce sens, la coopération européenne a été un formidable succès après 1945. Mais la coopération économique ne suffit plus pour ce que nous devons construire aujourd’hui ; la crise de l’euro nous apprend que cette coopération a ses limites, lesquelles sont en réalité d’ordre historique et culturel. Car l’Europe est sans doute la région du monde la plus complexe qui soit.

Dans un espace de taille modeste, plus de 300 millions de personnes doivent tenter de former une union alors qu’il n’est pas besoin d’aller bien loin pour ne plus comprendre ce que dit l’autre, pour trouver des gens qui mangent et boivent des choses que nous ne connaissons pas, qui chantent d’autres chansons, qui célèbrent d’autres héros, qui entretiennent un autre rapport au temps mais aussi, d’autres rêves et d’autres démons.

Or ces différences sous-jacentes ne sont jamais, ou rarement, évoquées. Elles sont masquées par un discours dans lequel tous les Européens apparaissent naturellement soudés face au reste du monde, alors qu’un Suédois aura sans doute plus de points communs avec un Canadien ou un Néo-Zélandais qu’avec un Ukrainien ou un Grec. Il est probable que ce soit principalement à cause de nos différences culturelles – et non politiques ou économiques – que l’histoire de l’Europe est émaillée d’hostilités et de violences, à commencer par les deux guerres les plus effroyables que l’humanité ait connues, et qui n’étaient au fond que des guerres civiles européennes.

Pourtant on a l’impression que tout cela est oublié ou refoulé. Voire inconnu. Si bien que le discours européen que l’on nous sert quotidiennement – le drapeau, Beethoven, l’Eurovision… – a peu de chose à voir avec notre réalité européenne ; il relèverait plutôt de la pure propagande pour un projet qui ne veut pas entendre parler de différences culturelles ou mentales, lesquelles sont pourtant nettement plus profondes que nos différences matérielles ou financières.

L’Europe à laquelle nous ne voulons pas croire

En réalité, il a fallu attendre la crise européenne pour ouvrir les yeux sur le fossé qui sépare le discours de la réalité. A notre stupéfaction, la crise nous a fait découvrir des gens qui n’avaient jamais payé d’impôts, qui estimaient que les autres devaient payer leurs dettes à leur place et qui accusaient de despotisme ceux qui leur tendaient la main. Nous ignorions l’existence de tels Européens et nous ne voulons pas y croire. C’est pourtant la réalité, et cela fait longtemps que cela dure.

Qui, en dehors des spécialistes, savait voilà un an ce qu’était le clientélisme ? J’ai une amie croate qui est ministre depuis le début de l’année. Ce n’est pas un ministère de premier plan, mais tout de même. Je lui demande combien de fonctionnaires permanents figurent sur la liste de salariés du ministère. Cinq cents. Cinq cents ? Cela paraît beaucoup pour un pays comme la Croatie. De combien de collaborateurs aurait-elle besoin pour élaborer la politique qu’elle entend mener ?

La réponse résonne comme un coup de tonnerre : trente. “Et tu envisages de congédier les 470 autres ?” La ministre regarde d’un air à la fois empathique et moqueur le nigaud du Nord des Alpes que je suis (sans être blond pour autant). Non. Car elle n’a pas l’intention de jouer avec sa vie. D’autant qu’elle a un fils qui va à l’école à pied tous les jours. Et un accident est si vite arrivé. Même lorsque mon amie aura quitté ses fonctions, près de 500 fonctionnaires continueront chaque jour de se rendre dans des bureaux qui n’existent pas pour faire un travail qui ne les attend pas. Seuls les salaires qu’ils touchent existent dans le monde réel.

Voilà à quoi ressemble notre Europe. Et notez bien que le Nord n’est pas moins étrange que le Sud, que l’Est ne l’est pas moins que l’Ouest, et vice-versa. Tout est question de point de vue. L’Europe n’est ni plus ni moins qu’un rayon de miel extrêmement fragile, composé de particularismes culturels, historiques et mentaux. Aucun Européen ne ressemble vraiment à un autre. Et pourtant, nous préférons voir cette Europe non pas comme un rayon mais comme un pot de miel, prêt à consommer.

Par Richard Swartz, journaliste et écrivain suédois né en 1945. Installé à Vienne depuis 1976.
Traduction : Jean-Baptiste Bor

 

Source : PressEurop d’après Dagens Nyheter et Les-crises.fr

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Docteur en science politique et essayiste
 

L’arrivée au pouvoir des partis nationalistes basques (PNV et BH Bildu) aux élections du 21 octobre est révélatrice de la tournure des événements en Europe.

La victoire de la NVA de Bart de Wever en Flandre, le 14 octobre, prônant l’évaporation de la Belgique et fragilisant le gouvernement Di Rupo ; la signature d’un accord, le 15 octobre, entre le Premier ministre anglais David Cameron et le dirigeant écossais du Scottish National Party (SNP et membre du parti les Verts/ALE) Alex Salmond prévoyant un référendum à l’automne 2014 sur l’indépendance de l’Ecosse (avec d’inévitables répercussions sur le Pays de Galles et l’Irlande du Nord) et les préparatifs de la Catalogne aux élections du 25 novembre, où tout annonce une majorité absolue des partis indépendantistes, démontrent l’ampleur du phénomène.

Les États européens se délitent, pris en tenaille entre l’Union européenne à structures fédérales s’arrogeant de plus en plus de pouvoirs régaliens et des régions disposant de pouvoirs multiples (administration, éducation, impôts, justice…).

La crise financière ne fait qu’accélérer le processus en avivant les oppositions entre régions riches et régions pauvres. Cette dislocation en cours n’est que la résultante d’un long travail des instances oligarchiques européennes où les élites germaniques se sont activées pour diffuser dans le corps de l’Union européenne des documents inspirés de la spiritualité politique propre à l’Allemagne, c’est-à-dire l’ethno-régionalisme. Cette politique trouve sa traduction dans les efforts du parti européen mondialiste les Verts/ALE promouvant l’éclatement des États comme le révèle cette carte élaborée par ses dirigeants en 2004.

De prime abord utopique à son époque, elle apparaît de plus en plus plausible au vu des événements récents. Au cœur de l’Europe, le poids lourd germanique s’affirme.

L’indépendance tôt ou tard de la Catalogne, de l’Écosse ou de la Flandre ne doit pas nous cacher l’évolution similaire dans cette Europe des régions prônée par l’Assemblée des régions d’Europe (ARE).

En fait, on observe le même processus avec des régions dénuées de toutes revendications identitaires comme Rhône-Alpes, les Pays de la Loire ou encore la région Centre. En effet, la gestion des Fonds structurels (et l’argent est toujours le nerf de la guerre), octroyée directement au Conseil régional alsacien depuis 2003 en liaison directe avec Bruxelles, va être étendue progressivement à l’ensemble des régions françaises à partir de 2013, comme l’a annoncé le président Hollande dans son discours du 5 octobre 2012.

Le président a même appelé à un pouvoir d’adaptation locale de la loi.

Dans la pratique, c’est une véritable révolution : jusqu’ici, la loi est la même pour tous les citoyens et sur tout le territoire français à l’exception de quelques dérogations comme la Nouvelle-Calédonie. Nous assistons à la montée en puissance d’une véritable féodalité. Elle touchera les citoyens dans leur vie de tous les jours (salaires, impôts, remboursements de soins médicaux, etc.). Cette situation s’aggravera puisque le programme présidentiel de François Hollande prévoyait la ratification de la Charte des langues régionales ou minoritaires (engagement n°56) qui inclut la reconnaissance et l’utilisation des langues régionales dans tous les domaines (justice, administration, éducation, etc.), sans oublier les inévitables coûts financiers qui accompagneront la ratification de cette charte.

Ajoutons que les populations extra-européennes, au nom de la non-discrimination (article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme), voudront bénéficier de la reconnaissance de leurs langues et de leurs particularismes. Avec de telles mesures, la France est appelée à se disloquer…

Auteur : Pierre Hillard, le 23 octobre 2012                                                                                                         Sources : Boulevard Voltaire, E&R

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